« Plus rien ne sera comme avant », sous-titre le film. Il faut croire sur parole Florence Moncorgé-Gabin, fille de l’illustre, car Le Passager de l’été n’est pas à proprement parler un film contemporain. La modernité ici est un beau panoramique champêtre en hélicoptère qui suit une CX vert olive vrombissant sur les routes départementales de Normandie. La Citroën contient un acteur contemporain, Samuel Le Bihan, à la recherche de son père. Flash-back. Même endroit dans l’après guerre : un paysan sexy (Grégory Derangère, qui s’impose après L’Equipier et Bon voyage de Rappeneau en Jean-Pierre Léaud sexuel de la nouvelle Qualité Française) loue ses services à Catherine Frot, fermière dans le besoin, humiliée par son homme parti voir ailleurs. Sa fille est l’institutrice du petit village, mais voudrait monter à Paris avec le séduisant cul-terreux pas insensible à ses charmes. Mais grand dilemme incestueux, ce dernier honore régulièrement la mère.

Ça cuit à gros bouillon dans la chaumière, comme dans un drame rural à l’ancienne dont Gabin fut justement l’oriflamme paisible durant 30 ou 40 ans. Hommage aux anciens donc, le film s’érigeant en décalque d’un savoir filmer rustre et carré, populaire, avec intrigue charpentée, bons mots d’auteurs, acteurs goûtus (guest de Mathilde Seigner) et climax franchouillard. Rien qui dépasse, pas de psychologie de gouttière ; le film s’évertue à rester dans une pudeur paysanne, droit dans ses bottes, mêmes crottées. Il s’en trouve alors totalement régressif, Florence Moncorgé-Gabin disparaissant sous le masque de son père qu’elle tient pourtant, c’est évident, à remettre en question via le personnage de Catherine Frot, dame patronnesse castratrice et brisée par la vie. Le Passager de l’été, imbibé et refoulé, noueux et encombré, est un film totalement laboureux.