Andie MacDowell est cliniquement morte. Sa renaissance ne peut donc plus s’envisager qu’en à coups hasardeux, entre trois ou quatre nanars montés sur sa notoriété croupie. Thriller fantastique qui narre l’adieu d’une charmante quadra à son mari psychopathe, Le Dernier signe sonne le glas d’une carrière qui à force de produits télé et de films d’auteurs foireux (un Wenders dernière période, un polar français de Manuel Pradal diffusé à 1 heure du matin sur France 2), se résigne presque sereinement au cachetonnage pur, sans regret ni remords. Ou comment quitter la planète Tim Roth, compagnon de gloire et de placard, pour la constellation Samuel Le Bihan, percluse de films comètes et de trous noirs.

Dès l’ouverture en un plan séquence ânonnant, trop virtuose pour ce qu’il raconte, trop convenu dans ses effets, on sait déjà que rien, pas même un beau mouvement, un virage scénaristique ou le visage d’un acteur, ne pourra détourner le film d’une médiocrité préprogrammée. Ce sera l’unique intérêt du Dernier signe, qui en tire presque une certaine légèreté, en tout cas une belle structure en ligne droite, tant dans la conduite du récit que visuellement. Rarement nanar ne file si vite et ce n’est pas la présence d’une Margot Kidder momifiée, comme sortie du formol, qui ne viendra gripper ce délitement grimpant d’1h23. La présence aussi fripée que flippante de l’ex Sister de De Palma donne en tout cas l’unique clé du film : trop ringard pour séduire, mais ne devant justement son existence qu’à sa ringardise, définitivement coincé par un micro espace-temps tout juste vivable.

Le scénario s’en fait l’écho, entre nostalgie et refoulement : charme des femmes mures qu’on filme mère et fringantes (le trentenaire Le Bihan mystifié par la quarantaine de MacDo, souvent en sous-tifs et minishorts), mari fantôme mi-psychopathe hitchcockien mi-Bernard Kouchner romantique, fracassé par la souffrance du tiers monde qu’il a tentée d’apaiser, chaussures bourgeoises du mort retrouvées aux pieds d’un clodo. Sans oublier le chiffre huit en fétiche cabalistique récurrent, symbole de l’éternité mais surtout du ressassement automatique. Un peu le grand tout du film, petite photocopieuse discount qui ne s’arrête jamais de marcher sous peine de caler définitivement.