Le Boulet ou la suite du Raid,deux semaines plus tard. Même goût pour un humour rance de fond de placard, même fascination pour l’autre vu comme dégénéré exotique, même complaisance poisseuse pour la farce haineuse et racoleuse. Plus encore que son petit-frère décérébré, Le Boulet, par son poids et son recours à des têtes d’affiches attendues (de Poelvoorde à Djamel), confine au pathétique. Le pathétique, c’est le matériau comique préféré de Poelvoorde. Jubilatoire lorsqu’il use d’un entre-deux très poétique (Le Vélo de Ghislain Lambert), ce particularisme comique se ramasse au moindre accroc : c’est le cas ici, l’acteur se perdant dans une extrémité burlesque le faisant ressembler à une bête de foire assez dérangeante.

L’intrigue du film, reprenant les grandes lignes de la buddy-comédie à la française (deux personnages antithétiques lancés dans une aventure débridée type La Chèvre), parvient ici à des sommets de rebondissements affligeants de platitude. Mais ce qui dérange le plus ici, c’est le retour à des procédés d’un autre âge, entre racisme pur et simple (Poelvoorde sentant les dreads d’un rasta avec un air méprisant) et vision Paris-Dakar de l’Afrique. L’impossibilité du film à se dégager d’une vision totalement repliée sur elle-même du monde, sa façon de rire de l’inimaginable (on urine sur une tête de Touareg, entre autres subtilités) écoeurent comme pourrait écœurer, aujourd’hui, la révision d’un sketch de Michel Leeb du début des années 80 ou celle d’un clip de Carlos période Oasis.

Pire, l’inévitable touche Canal + importée par Berbérian de sa Cité de la peur (Darmon et consorts), assortie des apparitions de Stomy Bugsy ou d’Omar, ajoute à ce côté vendanges en règle de tout ce que le nouveau comique français pouvait laisser entrevoir d’espoir. Voir Djamel ou Omar se compromettre dans des rôles aussi bêtement racistes afflige. Il est question ici de dégénérescence autant que de pur retour à la vieille-garde du comique réac des années 70. Des Charlots à la joyeuse bande de lurons du Boulet, une seule et même idée qui n’a pas pris une ride : l’exotisme comme simple prétexte à la décentralisation d’une sorte de petite France populaire risible et tristement cloîtrée dans ses particularismes autistes et dégénérés.