« Un sujet rarement traité au cinéma », trompette le dossier de presse. C’est vrai quoi, il était temps. Alors réveillez-vous, le voilà, enfin : Last chance for love, auto-défini comme un Before sunrise pour seniors. C’est dire. Le message du film met l’ambiance : passé un certain âge, y a pas intérêt à rater le train de l’amour, parce qu’il ne repassera plus. Exemple : Soit Dustin Hoffman, que nous appellerons A, compositeur de jingles publicitaires, débarque à Londres pour le mariage de sa fille, qu’il voit peu, celle-ci étant plus proche de son beau-père (un vieux beau pas possible, mais au fond sympa) que de lui. Soit Emma Thompson, que nous appellerons B, qui bosse dans un aéroport, se coltine sa mère au téléphone toutes les cinq minutes, est bien partie pour demeurer jusqu’à la tombe célibataire, hélas, ou disons plutôt : vieille fille. A et B S’aimeront-ils ? A la fin, oui, sans blague.

En attendant, le premier tiers du film, super chiant, nous monte ces deux-là en parallèle, et comment ils loosent. Ensuite c’est la rencontre, par hasard, à l’aéroport. Long dialogue dans un self, on se croirait alors dans Décalage horaire, une vieille purge de Danièle Thompson, avec le duo Reno/Binoche. A la fin, A et B sont à deux doigts de se rater façon Elle et lui, mais finalement, c’est une affaire qui roule, les voilà casés, il était temps. Donc le film est fini, et donc on l’a oublié, à part peut-être, un peu, Dustin Hoffman, pas mal dans quelques scènes burlesques lointainement inspirées de The Party (au mariage de sa fille, il se viande partout). Mais le reste, disons qu’on est passé outre. Passé outre les dialogues, d’une insignifiance rare, les clichés clichés, cette sensation très désagréable au cinéma, quand vous sentez à chaque seconde que vous pouvez deviner le plan ou la séquence qui vont suivre. Passé outre, par exemple, les copines façon « cinéma anglais », représentées par deux catégories bien connues : la fofolle énergique, qui arrange des rendez-vous forcés pour son amie célibataire, et la collègue noire, obèse, dont certains plans furtifs permettent d’attraper ses moues qui disent : « ah la la ». Plus jamais ça.