Le terme de suite convient mal à La Vérité si je mens 2 tant les évolutions par rapport au premier y sont superficielles. On prend Eddie là où on l’avait à peu près laissé, faisant fortune, au grand dam d’un patron tyrannique et d’une concurrence déloyale. Et re-belote : encore le petit entrepreneur face au grand méchant loup des supermarchés, encore José Garcia qui en fait des caisses pour séduire une bimbo, et encore le copain qui « emprunte » à son pote sa nana (les fautifs sont Aure Atika et Bruno Solo, qui réussissent à eux deux la seule scène convaincante, sinon originale, du film). Anconina, avec son air de pas y toucher, est maintenant père de famille et tente de rattraper le coup après s’être fait arnaquer par un directeur commercial véreux, auquel Daniel Prévost prête ses yeux de fouines et son rire suraigu. Pour survivre et préserver les apparences, il va jusqu’à laisser les huissiers emporter par erreur tout le mobilier de son voisin.

La meilleure partie du film raconte donc, assez sobrement et avec intelligence, sa descente aux enfers, puis sa légitime revanche. Encore un peu et on oubliait presque la satire lourdingue qui sert de toile de fond, et qui hélas ne tarde pas à prendre le dessus. Le scénario a beau éviter la surenchère, les gags galvaudés ne font que caresser les fans dans le sens du poil. Des pans entiers du film ne fonctionnent pas : le mariage de Serge sous une fausse identité, usurpant la voiture et la maison de Patrick (Gilbert Melki, ses peignoirs brodés et son havane), ses démêlés avec son beau-père interprété -très mal- par Enrico Macias, qui ne mènent qu’à des situations de mauvais boulevard.

C’est le problème des films avec un public acquis, pour lesquels le succès du précédent a quasiment valeur de commande : leur marge d’invention étant limitée par l’attente qu’ils viennent combler. Ajoutons que, vu le nombre de copies distribuées, et la machine de promotion engagée pour le film, le parallèle développé dans le film entre la création artisanale et la grande distribution est assez malvenu. En effet, en parlant de concurrence déloyale, l’argument de La Vérité si je mens 2 pourrait facilement se retourner contre lui…