Fraîchement accueilli lors du dernier Festival de Cannes le film de Catherine Corsini n’est pas aussi mauvais qu’a bien voulu le laisser croire une poignée de critiques scandalisée par sa sélection en Compétition Officielle… Il n’est pas, non plus, franchement bon. Pour le meilleur et pour le pire, il n’est qu’un de ces drames psychologiques de bonne facture dont le cinéma français détient depuis de (trop) longues années le secret. Ni bon, ni mauvais, La Répétition est le film de l’entre-deux. N’y a-t-il sort plus pitoyable pour une œuvre censée être animée par les affres de la passion ?

Cette passion dont il est question est celle existant entre Nathalie (Emmanuelle Béart) et Louise (Pascale Bussières), des amies d’enfance qui, après une longue séparation de plus dix ans, se retrouvent par hasard. « Dans le temps », toutes deux s’adoraient, étaient folles de théâtre, mais si l’une, Nathalie, est devenue comédienne, l’autre se contente d’un terne boulot de prothésiste dentaire. Entre elles tout recommence comme avant : l’obsession, jusqu’ici en sommeil, de Louise pour Nathalie est immédiatement réactivée, tandis que cette dernière, qui s’épanouit dans le regard admiratif de son amie, ne demande pas mieux que de se laisser faire. Malheureusement de cette intense relation la mise en scène tiédasse de Catherine Corsini ne réussit à transmettre que de faibles palpitations. La mécanique de la névrose « hitchcocko-bergmanienne » (références plus que respectables mais un peu trop écrasantes pour Corsini) s’enclenche de manière bien trop balisée -manigances de Louise et narcissisme exacerbée de Nathalie- pour provoquer la moindre émotion. Les rares éclats du film sont donc avant tout l’oeuvre du plus que parfait binôme féminin. Mais se réfugier derrière l’interprétation irréprochable de deux comédiennes est bien trop confortable et très peu satisfaisant. Ce qui ressort donc de ce portrait bien trop appliqué d’une vampirisation consentie c’est surtout son absence d’élan, de tourments. Malgré la fièvre qui l’anime ce film pâlichon se révèle rarement à la hauteur de ses ambitions.