Alors que l’armée rouge envahit l’Afghanistan, le député Charlie Wilson mène la contre-attaque américaine à « la cool ». Une mondaine richissime anti-cocos (Julia Roberts), un espion délaissé par la CIA, et hop, un lobby pour armer les moujahiddhins est constitué, un deal d’armes est signé entre Israël et Pakistan, des négociations secrètes sont menées à coups de strip-teaseuses et d’opérations séduction.

Tel est le nouveau Mike Nichols, survivant sympathique et racé du nouvel Hollywood. La politique y est assimilée à une technologie de drague pure. La traduction à l’écran s’apparente à un film d’acteurs, un film de stars. Initiateur du film, Hanks y incarne le député dont on ne sait s’il est marionnette ou marionnettiste. Un rôle sur mesure, le plus seyant de l’acteur depuis le Bûcher des vanités de Brian de Palma, qui le plaçait également en tracteur naïf du récit, mais sans sombrer dans l’humour bon enfant. Tout commence par quelques images d’actualités que Wilson regarde à la télé depuis son jacuzzi, un verre de bourbon à la main : sa guerre s’appréhende comme une vaste blague, un plan ludique et purement abstrait qui le dépasse très vite. Il suffit d’un coup de fil, d’une vague attention, pour que le politique passe à l’action et se voit contraint de partager son stratagème, lequel est annexé par Julia Roberts (la banquière) et Philipp Seymour Hoffman (l’opérateur).

Le film est bon parce qu’il montre cela très naturellement, par quelques antagonismes dramatiques tout simples : placer Charlie Wilson dans un rôle de rebelle purement superficiel (son coté débauché qui assume tout) et dans le même temps le caser partout, des coulisses du pouvoir secret à l’ambiance vaudevillesque de son bureau. Sans compter l’Afghanistan, terrain de jeu comme un autre pour lui, profondément symbolique pour le spectateur de 2007. Nichols suit le mouvement en vieux malin sophistiqué, traitant les images du conflits sur le mode bouffon : scènes de carnages digne d’une comédie italienne, inserts d’archives vidéos du conflit sur musique entraînante. La guerre a beau rester sérieuse, ses motivations, son déroulement pragmatique n’en demeurent pas moins ironiques. Bien joué Mike.