C’est un film un peu désespérant, comme la photographie d’un jeune cinéma d’auteur français, sérieux, appliqué, bien sous tous rapports. Un premier film qui, comme beaucoup de premiers films français, semble vieux, très vieux. Son personnage est, comme souvent, trop souvent, adolescent : une lycéenne, Emmanuelle, 17 ans, qui vit en banlieue avec sa mère tandis que le père meurt à l’hôpital. Une fille qui s’ennuie mais change, le long des quatre saisons que traverse le film : la mort du père, la cohabitation avec la mère seule, un premier émoi, quelques crises et pour tout horizon un centre commercial. Vous avez l’impression d’avoir déjà vu ça mille fois ? Gagné.

On pourrait pleurer devant le manque d’ambition du film, son refus d’ouvrir des perspectives, d’espérer du changement. Sauf que L’Année suivante part battu d’avance, annonce immédiatement qu’il n’y a rien à espérer et qu’il est bien décidé à épouser sans nuance, sans décalage, la trajectoire de son personnage, que les humeurs sont identique : humeur de défaite. Pour raconter une défaite, soyons perdant -c’est le credo. Se colle dessus une grammaire de bon élève que l’on a de plus en plus de mal, il faut le dire, à supporter : une neutralité de mise en scène comme offrande du mythe de la juste distance avec les personnages, une caisse à outils pour filmer-la-banlieue, Ariane Ascaride, etc. La mère et la fille vont à la fête de l’huma, se baladent parmi les stands sur de la musique, c’est la touche « fait maison » du film, le clignotant de l’authenticité.

L’Année suivante est un film inattaquable, qui d’ailleurs sera inattaqué. C’est dommage. Au moins devrait-on lui reprocher ce que le discours critique d’ordinaire ne supporte pas : le cliché. Ce n’est pas que le film mette en scène une série de clichés (enfin si, mais peu importe), mais qu’il soit lui-même un pur cliché : cliché de cinéma propre sur lui, ennuyeux au possible, calé dans la pure norme confortable de l’auteurisme français, et trop fainéant pour s’en démarquer. Pas méchant, pour sûr, mais tellement inutile. Par réflexe, bonne conscience et goût pour la défense du fond de commerce, tout le monde feint de s’y intéresser et personne ne s’avoue qu’au cinéma on a envie de voir tout sauf ça.