En 1985, Jeff Bridges était un extraterrestre dans le très beau Starman de John Carpenter. Près de 20 plus tard et autant de kilos en plus, l’acteur est passé de l’autre côté du miroir ; il est devenu un respectable psychiatre chargé de soigner un patient persuadé d’être un alien (Kevin Spacey). L’homme en question, à défaut d’être sain d’esprit, a de l’imagination et ne craint pas le ridicule (les scénaristes hollywoodiens non plus d’ailleurs). Il prétend s’appeler Prot (prière de ne pas rigoler et de bien prononcer) et venir de la planète K-Pax (même remarque) située à des milliers d’années-lumière de la nôtre. Avec ses lunettes de soleil en permanence fichées sur le nez, ce frugivore à tendances boulimiques -la scène de la banane goulûment avalée, peau comprise, est un morceau d’anthologie- Prot a tout de l’illuminé mais il va pourtant réussir à ébranler l’esprit cartésien de son psy.

Pour tout dire, Prot se montre assez convaincant ; il est suprêmement intelligent et son expertise en astronomie laisse même baba un parterre d’éminents astrophysiciens. Le psy est sur le point d’abandonner son scepticisme forcené et nous de même lorsqu’une séance d’hypnose change radicalement la donne. Et si finalement Prot n’était qu’un homme ordinaire qui après un grave trauma souffrirait d’un dédoublement de personnalité ? Et au bon docteur d’endosser les habits de détective pour enquêter sur le passé de son patient.

Alors, Einstein ou E.T. ? Le film n’apporte pas vraiment de réponse et, soyons sincères, on s’en contrefout. Tout ce que l’on voit c’est un Kevin Spacey qui se prend pour Jack Nicholson, tics compris, dans Vol au dessus d’un nid de coucou. En à peine quelques jours il réussit ce que des années de traitement psychiatrique n’ont pas su faire : les déments s’assagissent et même les catatoniques se mettent à parler. Un miracle démago au possible et Kevin Spacey croit à fond à son rôle de messie interplanétaire. Mains tendus vers l’Oscar, l’acteur pense accomplir la performance du siècle mais c’est cabotinage à tous les étages. Après Un Monde meilleur et Terre neuve, il joue une fois de plus (et de trop) les éclopés du coeur et devrait sérieusement songer à se recycler. Seul le toujours sobre Jeff Bridges qui se demande bien ce qu’il fout dans cette galère s’en sort à peu près. Pour le reste on s’ennuie ferme devant ce gloubi-boulga new age mariant voyages interplanétaires et troubles psychiatriques. Au final, la seule réussite du film est son titre, bien que l’on soit qu’au mois de mai, on peut sans hésiter le qualifier de plus ringard de l’année.