Que les fans ne se fassent guère d’illusions : de Beckham, il n’y aura point. A peine un dos, entr’aperçu à la toute fin du film. Pour le reste, une comédie anglaise vendue comme la meilleure depuis Le Journal de Bridget Jones, ce qui ne rassure pas outre mesure. Pourtant, Joue-la comme Beckham joue moins la carte du comique effréné que d’un gentillet humour exotique et communautaire. D’ailleurs, le film a moins pour sujet le foot que les mutations du mode de vie de la communauté indienne dans la société britannique. Jess, une ado transie d’amour pour David Beckham, la star de Manchester United, passe ses après-midis à dribbler les boys du quartier. Elle attire l’attention d’une jeune Anglaise, Jules, qui devient son amie et lui fait intégrer la girl team locale. Une seule ombre au tableau, la famille indienne de Jess, qui aimerait la voir évoluer dans une autre division, celle de l’ascension sociale par les études, et apprendre, plutôt que les passements de jambes, la cuisine traditionnelle pour son futur mari indien. Jess est condamnée à mener une double vie…

Le seul vrai plaisir de cinéma que l’on peut saisir au vol dans ce film est la présence et les yeux clairs de Jonathan Rhys-Meyers, inoubliable Brian Slade / David Bowie dans le magnifique Velvet goldmine de Todd Haynes. A part cela, pas grand-chose à signaler, des scènes de foot claustrophobiques (donc ratées), une morale disneyenne (l’art et la manière de concilier la voix du coeur et la voie de la famille), une petite réflexion sur l’émancipation des jeunes filles indiennes (la famille de Jess refuse qu’elle joue en short) et un sympathique générique de fin, dans l’esprit de celui concocté par les Farrelly pour le mésestimé L’Amour extra large. La seule question troublante posée par Joue-la comme Beckham n’est pas sur la pellicule, mais sur l’affiche. Jules y figure arborant une splendide jupette, alors que l’un des ressorts narratifs du film est justement le fait qu’elle ne s’habille qu’en pantalon (foot + pantalon : sa maman est au bord de la dépression croyant sa fille sexuellement ambiguë). Ce paradoxe textile est pour le moins louche. Un maillot de Manchester United à qui pourra en fournir une explication valable.