Jack Frost est un conte de Noël pour enfants, sans surprise, qui risque d’être seulement prégnant pour les moins de 6 ans, malgré l’animation assez convaincante d’un bonhomme de neige, la présence de Michael Keaton et des décors artificiels qui réussissent quelque peu à nous dépayser.
Chanteur vedette d’un petit groupe, Jack Frost vit avec sa douce famille : son fils Charlie (Joseph Cross) et sa jolie femme Gabby (Kelly Preston). Cependant, ses occupations musicales l’empêchent souvent de profiter de son petit « nid » douillet et jovial, et un jour, voulant y remédier, il se tue accidentellement dans sa voiture, surpris par un épais blizzard. Un an après, le jour de Noël, il réapparaît sous la forme d’un bonhomme de neige.
Jack Frost n’évite pas les clichés de la peinture des « bonnes » valeurs morales américaines et semble même les prôner tout en se protégeant derrière le masque de la naïveté. Le monde de Jack Frost est on ne peut plus factice, artificiel et puritain, un monde exempt de toute violence, d’ironie et de bon sens. Le film se consacre exclusivement à la relation père-fils, et le conte devient vite plat et sans surprise. Pourtant, dans un conte, en général, on use du magnifique paradoxe d’enseigner à l’enfant la complexité d’un monde angoissant et violent, voilé derrière un rite initiatique effectué par une jeune personne invitant l’enfant à s’identifier. Jack Frost évite toute violence ; elle y est exclue, ou suggérée parfois, par la mort de notre personnage par exemple. Le jeune spectateur ne peut donc participer au drame du petit garçon ayant perdu son père, puisque le film ne provoque ensuite jamais sa curiosité, le sous-estimant souvent en réduisant son imagination par un schématisme épuré et un propos vain et niais. Seul demeure le décor, et avec lui le plaisir de se sentir à Noël, dans la blancheur féerique de la neige. Somme toute, bien peu de choses…