Attention film rock’n’roll. A la franco-américaine. En noir et blanc jarmuschien starring le gratin du show bizness. Baer en braqueur minable qui attaque sans flingue une cafeteria d’aire d’autoroute. Anna Mouglalis en serveuse wannabe braqueuse. Rochefort, Terzieff & Co, gangsters old school wannabe vieilles gloires émouvantes qui invoquent l’âge d’or des braquages au borsalino. Ça jacte sur la lose banlieusarde, l’oeil cinéphile frise à chaque plan, quelques idées fusent – les rires, moins. Plus tard, le kidnapping d’une gosse de riche dépressive par deux prolos belges en suscite un peu plus – au moins le récit avance et puis la truculence belge brise la glace. Retour à la cafète. Arno et Bashung règlent leurs comptes dans un face à face tout droit sorti d’une bande annonce Taratata. Puis la bande de croulants prend le relais et rêve d’un dernier coup. C’est l’heure du couplet crépusculaire, du burlesque gériatrique avec chemise et costard. Mouais.

C’est un peu facile mais J’ai toujours rêvé d’être un gangster pourrait être la devise de Samuel Benchetrit, nouvelle coqueluche d’une aristocratie culturo-tévé en mal d’écorchés vifs. Lequel se fantasme en baladin cool du cinéma français, en quête d’une liberté absolue dont il ne sait finalement pas quoi faire. A l’écran, cela revient à ériger la posture comme principe esthétique et y ajouter quelques illuminations plus rachitiques les unes que les autres. La structure en sketches ? Un pis-aller narratif, un zapping par défaut qui secoue sporadiquement l’ensemble à défaut de l’incarner, lui confère un vague sens ludique – un squelette de film choral émerge, rien de plus. De digression gangstériste, Benchetrit tend plutôt vers le listing. Il sample du piteux, de l’émotion contenue (la pudeur du loseur : du jamais vu au cinéma), des acteurs – en caser plein, de tous âges, leur faire réciter des bons mots à la queue leu-leu.

Au fond, c’est cohérent puisque le film rêvasse à hauteur de personnage, c’est à dire qu’il se fige avec eux dans le formol de la lose et du conformisme (un coté lascif branchouille que n’auraient pas renié Les Inconnus en leur temps), qu’il s’émerveille de tout sans aucune contagion possible. Pour autant, Benchetrit est trop sincèrement béat pour que son arrogance indispose. Au contraire, il n’est pas interdit d’être touché par ce décalage absolu entre sa mégalomanie de poète lilliputien et la faiblesse chronique de ses images, avant que le néant l’emporte absolument. Ce n’est pas nouveau chez Benchetrit puisque le délire autiste innervait déjà Janis et John, son premier film. Plus détraqué que J’ai toujours rêvé d’être un gangster, mais au fond certainement plus audacieux.