High Art est le récit touchant d’un amour désespéré. Syd (Radha Mitchell), jeune et charmante intellectuelle, travaille pour Frame, un magazine de photos important, mais est quelque peu frustrée par sa place dans la hiérarchie de l’entreprise. Elle fait un jour connaissance avec sa voisine, Lucy (Ally Sheedy), ex-photographe à succès dont le travail fascine Syd d’emblée. Celle-ci n’a alors plus qu’une idée en tête : remettre Lucy sur le devant de la scène par le biais de Frame. Parallèlement, les deux femmes vont vivre une liaison tourmentée, Lucy ayant de graves problèmes liés à la fois à sa maîtresse allemande, Greta (Patricia Clarkson), et à la drogue…
Lisa Cholodenko a un talent évident pour filmer la passion : que ce soit celle du couple Syd et Lucy ou celle, plus ancienne, existant entre Lucy et Greta, mais qui ne reste effective que par le lien mortifère de l’héroïne. La jeune cinéaste, dont c’est le premier film, sait mettre en valeur ses actrices (toutes épatantes) et leurs corps confrontés à un désir gangrené par la mélancolie (on lit dans les yeux d’Ally Sheedy l’impossibilité du bonheur). Elle possède également un don particulier pour installer une atmosphère aux tonalités sombres (renforcée par l’envoûtante musique de Shudder To Think), filmer des visages, laisser du temps aux personnages qu’elle aime et qu’elle sait aimer. On regrette alors que le film ne se focalise pas davantage sur son trio principal et nous impose sa vision pas très originale du milieu superficiel de la photographie contemporaine, insistant également sur l’arrivisme inconscient de Syd dans ses rapports avec Lucy. Le film était déjà assez amer et l’on n’avait pas besoin de cette mesquinerie inhérente aux rapports professionnels dont on a la désagréable impression qu’elle intervient comme un surplus dramaturgique.