Pas de véritable surprise avec ce Prisonnier d’Azkaban : comme prévu, un cinéaste largement supérieur à Chris Colombus (Harry Potter 1 & 2), un récit virevoltant et des effets spéciaux assez effarants. Cela suffit à imposer, sur la durée, la saga cinématographique des aventures du petit Potter. Sans campagne délirante, sans forçage ni esbroufe, juste la confirmation que l’on tient là le haut du classement en matière de divertissement pour tous âges et tous publics : une belle fougue romanesque, des rouages bien huilés, et surtout une utilisation remarquable des effets spéciaux qui, sans jamais verser dans la gratuité, s’incluent remarquablement dans un monde de sortilèges et d’envoûtements parfaitement mis en place.

Quelle nouveauté, alors ? Une volonté de délaisser un peu les couloirs de l’école de Poudlard pour aller se promener plus longuement dans ses alentours : lacs, forêts, prairies et collines peuplées de spectres et de loups-garous, de chevaux à tête de harpie et de mystérieuses créatures gardiennes de la prison d’Azkaban, d’où vient de s’échapper un criminel parti à la recherche d’Harry. La beauté visuelle du film, qui doit beaucoup son aspect à Tim Burton, ne doit pas faire oublier le reste : une fluidité des enchaînement impressionnante, des personnages bien calibrés, et surtout une croyance très forte dans le récit. Il suffit de voir la dernière partie du film, retour dans le temps à la Retour vers le futur où les personnages revivent une scène entière sur un mode différent, pour s’en convaincre : ce genre de procédé souvent vu ailleurs trouve ici une force et un impact dramatique qui doit avant tout à la beauté incandescente et naïve de la mise en scène de Cuaron.

D’où par instants l’impression d’assister à du Miyazaki en live, de pures scènes au premier degré où n’importe que la poésie de l’instant présent : flottement suspensif au dessus des vallées, poursuite dans les bois, fusion totale entre des formes multiples et mouvantes. Le soin porté à chaque apparition des créatures, l’admirable poésie des lieux, cette façon de plonger corps et âme dans la temporalité ludique du film sont un remède contre les notions de démonstration et de performance technique qui pourrissent bon nombre de blockbusters récents. Même chose pour l’absence totale de manichéisme qui guide le récit, et qui permet de se concentrer sur un système d’apparitions / disparitions dénué de tout enjeu secondaire : simplement le plaisir de jouer avec les terreurs et ravissements du monde l’enfance. Sans surprise, Harry Potter et le prisonnier d’Azkaban impose une fougue, un éclat et une simplicité enchanteresses.