Enième adaptation de l’oeuvre de Goethe, Fausto 5.0 est le fruit du travail de trois réalisateurs : Isidro Ortiz, et deux metteurs en scènes de la troupe de théâtre La Fura dels Baus, Alex Ollé et Carlos Padrissa. Avec ce dernier volet, la troupe catalane clôt sa trilogie sur le thème de Faust, initiée par une pièce et un opéra. L’angle cinématographique permet ici aux réalisateurs de jouer davantage avec les perceptions du spectateur, au détriment sans doute d’une réflexion fâcheusement avortée dans ce film.

Responsable faussement stoïque d’un service de soins palliatifs, le docteur Fausto (l’Argentin Miguel Angel Sola), est aux prises avec une sorte de Mephisto des temps modernes qui le pousse dans ses retranchements. C’est en se rendant à un colloque que le docteur rencontre Santos Vella (le trop agité et quasi-insupportable Eduard Fernandez), un mystérieux hurluberlu qui se dit être un ancien patient ayant miraculeusement survécu à la condamnation de Fausto, soit une opération du foi de laquelle il n’aurait pas dû réchapper. De plus en plus encombrant, l’inconnu insiste pour aider son nouvel « ami », en lui offrant, tel un génie sorti de sa lampe, d’accomplir tous ses souhaits. Comme on pouvait s’y attendre, le bon docteur oscille entre méfiance et curiosité, pour finalement céder à la proposition de Santos Vella. Des souhaits engendrés par la raison aux désirs mués par de vils instincts, Fausto-Jekyll sombre dans l’univers cauchemardesque des désirs pulsionnels de Fausto-Hyde. Les réalisateurs semblent ainsi vouloir illustrer le conflit interne que subit tout être humain. Soit. Mais la démonstration aurait pu être plus approfondie : le film assimile trop souvent le côté « obscur » de Fausto à une atmosphère de débauche convenue (heavy metal, alcool, joints, etc.), ceci alors que l’originalité de l’approche esthétique augurait plutôt bien du reste. D’entrée de jeu, le spectateur est ainsi plongé dans un monde maladif, passé au filtre de la perception qu’en a Fausto : absurde, malsain, étranger.

Plutôt ambitieux, Fausto 5.0 tente en définitive de nouer ensemble deux univers de cinéma trop peu souvent réunis : l’efficacité anxiogène du fantastique et les velléités philosophiques du cinéma d’auteur. Malheureusement, cette intention se traduit dans le film par une grandiloquence métaphysique qui ennuie plus qu’elle ne fascine.