Et si Fast and furious 4 était le premier de la saga à tenir son engagement ? Ce programme golio qu’elle plastronne en 4X3 un peu partout : rapide et furieux. S’y joue à l’évidence quelque chose de singulier, un étalage de vulgarité décomplexée, outrancière, qui interpelle dès qu’il s’agit de se pencher sur ce genre d’objets impurs, mais atteint ici un (petit) point d’achèvement. Fast and furious 4, c’est du cinéma tuning. Un film dopé, modifié, gaulé comme un implant mammaire monté sur une bombasse en short. Genre 90D. Un pneu dans la brassière, quatre autres aux scénario, il se déploie en ligne droite, pied au plancher, comme s’il coupait au plus court d’un plan à l’autre. Politique du raccourci, à l’écran comme dans le script, qui pousse Fast and furious 4 à passer en force d’une image à la suivante, sans un regard pour les obstacles ou le bas côté, tout entier tendu vers la ligne d’arrivée qui clignote au loin. Point de fuite d’un film qui ne parle que de ça : s’échapper du cadre, disparaître des écrans, accélérer pour éclater le barrage de Vanishing point. Coïncidence ? Le (tr)acteur Vin Diesel s’aligne après deux épisodes de jeûne. Corps dense, opaque, qui pèse d’avantage sur le celluloïd que tous les kékés à casquette de 2 fast 2 furious et Tokyo driftréunis, Vin Diesel sert d’aspérité, de zone de contact entre le film et le spectateur. Ou comment retenir les leçons de l’original, tout en troquant sa grossièreté beauf pour un maniérisme vulgos.

Fast and furious 4 s’incarne tout entier dans sa seconde poursuite, sans doute la plus belle de toute la série. Une course-test, gratuite, par laquelle nos deux héros vont infiltrer les rangs des narco-trafiquants. Alors que les bolides piaffent au feu rouge, le GPS prend littéralement le relais à l’image, calculant en 3D isométrique, et avec la voix suave de rigueur, le tracé du circuit à travers la ville. Annonce de ce qui va suivre : une copulation frénétique entre deux régimes d’image qui cherchent à se dominer l’un l’autre. Numérique contre mécanique, virtuel vs. réel, il s’agit de rallier l’arrivée grâce à la technologie (la carte électronique se substitue régulièrement au bitume) mais aussi malgré elle (partir dans le décor c’est court-circuiter la machine). C’est un peu Matrix chez les Jacky, une logique de cheat-code permanente qui permet aux héros de se soustraire aux contraintes de la physique (un mur ? quel mur ?) et de la matrice (comment ça wrong way ?) par la seule entremise de la vitesse. Plus tard, c’est de la même manière qu’ils échapperont aux caméras high-tech de la frontière mexicaine, se faufilant sous terre à toute berzingue et reparaissant côté US quelques minutes plus tard. Fuite en avant, toujours, qui annule scènes et dangers à mesure qu’elle les sème. Stationnement interdit. Mais que ce soitclair : Fast and furious 4 fraie davantage du côté de MTV que dans le magma pop d’un Speed racer. Des petits culs shootés au grand angle, deux têtons dressés sous un t-shirt, une avalanche de cagols fluos, pas une clope mais quelques bières, trahissent l’horizon esthétique de ce grand barnum siliconné : les clips de Rihanna. Mais c’est très exactement ce qui fait la beauté crasse de tout ce que l’on vient de dire. Le rapport inconséquent aux images, la supefluité chromée, l’échappée belle du film ne font, au fond, qu’assumer l’injonction couillonne de la B.O. : Shut up and drive.