Entre chiens et loups poursuit l’idéal d’une lente et laborieuse construction (et hypothétique re-construction) d’un cinéma d’action made in France. Le film d’Arcady se démarque des récents et épouvantables Sueurs ou Requiem pour trois raisons assez simples : il bénéficie d’une réalisation efficace et très carrée, d’une interprétation crédible et d’un scénario assez soutenu. Si l’opportunisme « techno » de l’ensemble irrite, restent ici quelques moments de bravoure plutôt séduisants.

Adrien (Richard Berry), vieux braqueur, n’a plus que quelques mois à vivre. Werner (Saïd Taghmaoui), ex-légionnaire bourrin, joue les casse-cous à travers le globe. L’un et l’autre se retrouvent au coeur d’une mission sans retour : accepter de mourir au cours d’une opération en Europe de l’Est et récupérer ainsi une énorme somme d’argent destinée à leurs proches. L’enjeu du film, très sinistre, aurait pu être le lieu d’une étonnante descente aux enfers (retour à l’esprit du film noir et du thriller désespéré) assez éloignée des obsessions habituelles du jeune cinéma de genre français.

Malheureusement, l’évolution du film retourne le projet comme un gant. Rapidement, le plan se détraque et les deux héros se retrouvent dans une situation inverse : sauver leur peau coûte que coûte et éliminer l’horrible méchant qui les a trompés -Joaquim de Almeida, mascotte officielle du néo-cinéma d’action français. Entre chiens et loups devient alors plus conforme au cahier des charges inhérent à ses petits cousins dégénérés : le racisme prend la place de tout le reste (en gros, on découvre l’horreur du tiers-monde pour mieux se rendre compte de la chance qu’on a de vivre dans un pays civilisé), la violence devient un simple défouloir pour cinéphages frustrés. L’opposition entre no man’s land eurasien et bonne campagne française (le refuge champêtre de Berry, le petit monde marseillais de Taghmaoui) est lamentable, tout comme certains punch-lines obscènes, affligeants (Berri en découvrant la Roumanie : « J’ai toujours rêvé de passer mes vacances ici »). On peut passer sur tout ça et ne voir dans le film qu’une BD sauce mafia de l’Est souvent vigoureuse, difficile malgré tout d’y trouver le moindre espoir pour un renouveau attendu. Entre chiens et loups, comme son titre l’indique fièrement, est un film beaucoup trop lâche pour emporter l’adhésion.