Thriller de base moyennement bien mené, le dernier Tony Scott n’est qu’une brique de plus à ajouter au mur des éblouissants films d’action américains qui tournent en rond. En apparence complexe, l’histoire d’Ennemi d’état emmène le spectateur -deux heures durant- au sein d’interminables poursuites, d’explosions et de matériel d’espionnage ultra sophistiqué. Le scénario tiré par les cheveux qui se termine par une fusillade abusive (faisant tout rentrer dans l’ordre comme par magie) permet de constater à quel point la lâcheté de Tony Scott est grande. Nouer de manière trop solide les ficelles d’un thriller, histoire d’en mettre plein la vue au public, mène ici le réalisateur à terminer son film de manière débile et insensée… L’idée de base était pourtant bonne, un film sur la NSA (institut américain contrôlant toutes les caméras de surveillance et les réseaux informatiques du pays -voire de la planète…-, dit aussi « les grandes oreilles ») aurait pu développer 1h30 de petite paranoïa chez le spectateur. Mais au lieu de développer quoi que ce soit, Tony Scott préfère nous montrer Will Smith pourchassé et observé sous cinquante angles de vue différents… Si bien qu’au bout d’une demi heure, la platitude extrême du film se fait déjà ressentir et, malheureusement, cela continue jusqu’à la fin. Notons, à chaque demi-heure, l’apparition d’un joli plan en image de synthèse de satellite virevoltant au dessus de la terre (juste histoire de réveiller le spectateur somnolent). Pour couronner ce scénario complètement vide et cette réalisation d’attardé du vidéo-clip, le prince de Bel Air jouant comme un pied aux côtés d’un Gene Hackman en perdition enfonce le clou d’un bien sombre et déprimant spectacle.