Echo park, L.A. démarre sur les chapeaux de roues. Des filles latinos en rubans roses, cousines des ados rockers de Larry Clark, en plus sages, se retrouvent pour célébrer en grandes pompes les 15 ans de l’une d’entre elles, sa quinceañera (titre du film, en v.o.). Serrés dans un 4×4 de luxe (très exactement un Hummer Limo), rap à fond, les ados endimanchés se livrent timidement à des danses olé-olé pour l’occasion. Ce début bruyant à l’esthétique kitchen sink laisse penser que de la cuisine au grenier le quartier latino d’Echo Park sera passé au crible d’un réalisme documentaire. Mais Echo park, L.A. revient très vite en terrain balisé. La bande de départ se resserre sur deux brebis galleuses, Magdalena, 14 ans, honteusement enceinte, et son cousin homosexuel Carlos, et c’est le mélo qui rapplique au galop.

Passons sur les méandres larmoyants du parcours, l’exclusion des ados indignes, le refuge chez le grand-père, l’expropriation du grand-père, etc. Le cliché bat son plein : les pauvres sont honnêtes, les riches font des sales coups mesquins. Venons-en plutôt au clou du scénario, très piquant : Magdalena est enceinte mais vierge. Dans une imagerie fleur bleue, les deux amoureux découvrent effarés, recherches sur Internet à l’appui, que le sperme répandu prudemment sur les cuisses de la dulcinée peut parfois faire bonne route et féconder sans pénétration. Triviale crudité de l’explication d’autant plus cocasse que le reste du film baigne dans une ambiance chambre de jeunes filles en fleurs.

La révélation détaillée pourrait tourner à la farce mais Glatzer et Westmoreland gomment cette bizarrerie invraisemblable. Les enfants, sains et saufs, restent des enfants : la pécheresse est immaculée et le beau gay tatoué s’avère un gendre idéal. La famille se réunit béatement pour célébrer le miracle de sa quinceañera autour de Sainte Magdalena. Décevant, Echo park, L.A. recule devant ses audaces et tente de faire entrer coûte que coûte cette drôle d’idée intrigante dans les principes d’une morale pudibonde. Retour à la case départ : le chemin de croix n’aura servi qu’à la rédemption miraculeuse.