Prévu pour sortir en octobre 2001, Dommage collatéral fait partie de ces films traitant de terrorisme dont la sortie fut jugée « inopportune » par les studios hollywoodiens au lendemain des attentats du 11 septembre. Mais deuil ou pas deuil, la boîte doit continuer de tourner, le « show must go on », et alors que les esprits semblent loin d’être calmés (voire la psychose des attentats qui envahit les Etats-Unis), revoilà quand même sur nos écrans ce Dommage collatéral tant craint. Après avoir vu le film, on comprend néanmoins ce qui risquait de choquer les habitants d’un pays qui venait de subir l’un des événements les plus meurtriers de son histoire : le héros, Gordy Brewer, un pompier héroïque, perd en effet sa femme et son jeune fils lors d’un attentat à la bombe. De quoi faire abondamment pleurer dans les chaumières américaines… Pourtant, une fois écarté le battage médiatique autour des œuvres « à caractère sensible », le film d’Andrew Davis s’avère aussi inoffensif qu’un piteux nanar de série Z.

Comme à l’accoutumé, Hollywood nous ressert le discours simpliste et partial qui lui sert de politique internationale, du genre « c’est pas moi, c’est lui… ». Mû par une terrible soif de vengeance, Gordy décide rien moins que de partir en Colombie pour assassiner El Lobo, le poseur de la bombe et chef des rebelles. Alors que Gordy se conduit au final comme El Lobo -lui-aussi entré en rébellion après avoir perdu son fils dans les combats opposant Américains et Colombiens-, passant outre les lois pour faire se justice lui-même, le film différencie assez hypocritement les deux hommes. Gordy n’est au final qu’un brave gars américain en colère, exécutant ses ennemis presque malgré lui, tandis que le Colombien se transforme en brute sanguinaire multipliant les fameux dommages collatéraux au cours d’actions meurtrières. Une façon comme une autre pour les Etats-Unis de se laver symboliquement les mains… Quant à la réalisation, elle est à l’avenant du discours proféré par le film : explosions étourdissantes et cascades spectaculaires de Schwarzie qui, pour le coup, en a même perdu son légendaire humour. Pas vraiment de quoi brandir le visas de censure, le film se décrédibilise de lui-même.