Ce n’est pas sans une certaine appréhension que nous envisagions la vision du nouveau film du réalisateur roumain Nae Caranfil, qui se présente comme une adaptation du roman de Frédéric Vitoux, La Comédie de Terracina. Dans celui-ci, l’auteur organisait en effet une improbable rencontre en Italie entre Henri Beyle -alias Stendhal- et le célèbre compositeur Gioacchino Rossini.

Dolce farniente ne nous surprend pas, mais ne déçoit pas non plus. Il fait partie de ces films qui se laissent regarder sans ennuyer, mais que l’on oublie sitôt sorti de la salle. Un film distrayant en somme, sans pour autant atteindre la bêtise du pur divertissement. Il se présente plutôt comme un objet intéressant et non dénué d’un certain charme, un charme un peu fané et passéiste comme peut l’évoquer la période du XIXe siècle en Italie. En choisissant de raconter les tribulations d’Henri Beyle (qui n’avait pas encore trouvé son pseudonyme d’écrivain) à Terracina, ville frontière séparant Rome du royaume de Naples, Nae Caranfil place d’emblée son film dans une atmosphère brouillonne et bouillonnante : la ville étant la proie de contrebandiers et d’ex-soldats qui rançonnent les voyageurs. Henri Beyle est donc bloqué à Terracina, mais cet arrêt imposé par ces circonstances tumultueuses, ne sera pas l’occasion d’un pensum historique ou politique. Au contraire, c’est sous l’angle léger de la comédie que va se placer une action qui s’apparente davantage au marivaudage. Car Henri aspire à séduire les femmes, c’est là le but de son voyage. Dolce farniente s’amuse alors à observer la maladresse de cet « éternel apprenti séducteur », dont les déconvenues amoureuses rythment le film. Ses échecs consécutifs auprès de la cousine de son hôte, puis de sa femme, et de la servante de l’auberge, ne font que plus briller les succès de Rossini, grand séducteur malgré lui. Ces « petites histoires amoureuses » sont ce qu’il y a de plus réussi dans le film de Nae Caranfil, car elles permettent au réalisateur de dresser un portrait plutôt émouvant, bien que parfois assez cru, de deux grands artistes du siècle dernier : Rossini et Stendhal. Ceux-ci s’humanisent littéralement devant nos yeux, présentant les qualités mais aussi les bassesses qui constituent le genre humain.
Dans le rôle d’un Henri Beyle maladroit, complètement hors du coup, il fallait bien toute la fantaisie de François Cluzet à qui l’on doit le seul éclat de rire du film, dans une burlesque scène de divagation ! Pour le reste, le film semble observer les choses de loin, sans vraiment avoir le désir d’être dedans, attitude qui malheureusement se répercute sur les spectateurs…