Débuter dans le long métrage en s’attaquant à un sujet aussi difficile que la reconstitution historique n’est pas chose aisée, beaucoup s’y perdent et Gilles Bourdos ne fait pas vraiment exception à la règle…
Après avoir réalisé 3 courts métrages et co-écrits tous les films de Michel Spinosa (Emmène-moi), Gilles Bourdos a décidé de se confronter à notre passé national. Disparus tente de retracer les affrontements mortels qui eurent lieu à Paris à la veille de la seconde guerre mondiale entre militants staliniens et trotskystes. C’est une enquête menée en 1989 (passage de la Tchécoslovaquie à la démocratie) par Louise -l’amante du fils d’un « disparu » trotskyste- qui nous ramène cinquante ans en arrière.
Cette présentation par deux strates temporelles distinctes donne le sentiment de voir un exposé historique interprété par divers personnages sensés nous donner des éléments de compréhension. « Dans les festivals où je suis allé, raconte Gilles Bourdos, il y a toujours des spectateurs qui se demandent avant de voir le film : « est-ce qu’il faut avoir des clefs historiques pour comprendre ? » or j’ai tenu à ce que tout ce qui est raconté dans le film soit dans le film. » Le résultat de cette intention de vulgarisation est un scénario artificiel, aux coutures trop voyantes et dans lequel une grande part des dialogues semble tout bonnement découpée dans un manuel d’histoire.
Côté personnages, Gilles Bourdos, nous appâte avec l’évocation d’un héros passionné de poésie et fou de joie quand il découvre l’univers des surréalistes mais abandonne après une ou deux scènes cette facette de sa personnalité. La raison en est simple : il a, par cette astuce, rempli une case de son cahier des charges, signifier les liens entre Trotsky et André Breton… Mais malgré toutes ces lourdeurs de construction, le trio constitué -période avant-guerre- par Grégoire Colin, Anouk Grinberg et Xavier Beauvois parvient, cahin-caha, à fonctionner.
Il ne nous reste donc qu’à donner un petit conseil à Gilles Bourdos pour recycler son film : couper une ou deux scènes quelque peu olé-olé et proposer au CNDP (Centre national de documentation pédagogique) de le distribuer aux classes de terminales…