Disco, on a failli le voir debout. La faute à Bernard Montiel, qui était à deux doigts de nous chiper le dernier strapontin de la projo, juste à côté de Tony Gomez. Autant dire que ça s’annonçait mal. Et pourtant voilà, ça fait tout drôle de le dire, mais Disco, c’est pas mal. Pas mal, ça veut dire quoi dans le cas d’un film pareil (c’est à dire, a priori : une turbine à gimmicks lourds pour les plateaux d’Arthur, sur le dos de la France popu) ? Ça veut dire que, contre toute attente, le film n’est pas l’espèce de machin obèse et cynique auquel on s’attendait, que s’y déploie avec une certaine efficacité le savoir-faire minuscule déjà à l’oeuvre dans Camping dont le programme, au fond, était déjà assez surprenant et anachronique. Surprenante et anachronique en effet, cette manière qu’a le film de s’élever noblement et avec un vrai soucis de faire bien à la hauteur des lilliputiennes ambitions de la paire Ontoniente / Dubosc, de prendre acte en toute sincérité du peu d’ampleur de ses moyens sans jamais l’engloutir dans le dégueulis prévisible du karaoké parvenu.

Disco est d’ailleurs plutôt plus réussi que Camping, mais garde le même cap, qui consiste à faire tenir ensemble les vignettes attendues sur la culture Darty par un vrai souci des personnages, un sens assez aiguisé du pathétique qui corrige toujours l’emballement ironique par un premier degré nunuche vraiment touchant dans les meilleurs moments. C’est cet équilibre-là, plutôt bien tenu, qui rend le film étonnamment regardable. Et avec lui le numéro de Dubosc, qui retrouve après Camping l’occasion inespérée de convertir son maigre sens comique et sa ringardise informe dans un vrai cadre narratif. Ce cadre est double, on le disait, et élaboré au fond comme un véritable remake de La Fièvre du samedi soir, parti-pris assez malin. D’un côté, ironie mignonne du décalage (Didier Travolta vs. Tony Manero ; Le Havre vs. New York…) ; de l’autre, les grands yeux de Mickey de Dubosc pour reconduire littéralement, mais comme sa déclinaison cartoon, le mélodrame prolétaire à l’américaine. Pas le film de l’année, c’est sûr, mais sur le sujet, c’est peut-être au fond ce qu’on a vu de moins détestable depuis longtemps. Et d’ailleurs, que Depardieu campe ici, peu ou prou, le même personnage que dans Quand j’étais chanteur est assez révélateur : Disco est avant tout la version réussie du navet de Gianolli.