Cowboy impose immédiatement sa belgitude à travers un mini-sketch, puisqu’il est entendu que la Belgique est elle-même une sorte de sketch à l’horizon plat et un peu pathétique. C’est du moins la vision qu’en donne Benoît Mariage dans ce film aux airs de déjà-vu. Benoît Poelvoorde endosse une nouvelle fois le rôle du médiocre se rêvant héros : un garçon minable, raté, végétant dans l’étroitesse de ses occupations (ici présentateur d’une émission sur la sécurité routière), déprimant le soir venu dans la couche qu’il partage avec sa femme, en plein devenir bobonne. C’est déjà pénible, cette complaisance et ce cynisme, et le film n’en sortira jamais, en dépit de son scénario, plus agile que d’autres. Poelvoorde, donc, ne se supporte plus et décide de reprendre sa vie en main. Cela passe par un documentaire qu’il élabore sur la prise d’otage d’un bus par un jeune gauchiste dans les années 80. Il décide, affublé d’un cadreur et d’un preneur de son à vocation purement comique (dont l’irrésistible François Damiens, inoubliable agent secret belge d’OSS 117), de retrouver le preneur d’otages qu’il avait soutenu à l’époque au nom d’une soif de justice sociale, de retrouver le bus, et de mettre la main sur les otages eux-mêmes, ces enfants devenus grands. L’idée : les réunir tous dans le bus et, ensemble, aller jusqu’à mer. Las, l’ancien héros de la classe ouvrière s’est mué en gigolo cupide et vulgaire. Et en un mot, le documentaire foire complètement.

L’idée est assez séduisante, on pense évidemment (et le réalisateur aussi, sans doute) au beau film de Shinji Aoyama, Eurêka, où trois rescapés d’une prise d’otage dans un bus (le chauffeur et deux enfants) effectuent un même voyage cathartique jusqu’au bord de mer. Toutefois, il semble impossible au réalisateur de se départir du côté crapoteux de la mise en scène qui, au fond, paraît s’en foutre complètement du fond de l’air, qui devrait être rouge. L’étroitesse de vue se trahit à chaque scène, comme celle, calibrée pour faire teaser, où Poelvoorde aborde en gros lourd le vrai Olivier Gourmet attablé au restaurant, séquence purement gratuite, mini-sketch, un autre. A la fin, un petit morceau de bravoure (la chorale), tente par le pathos d’emporter le morceau, et de rabattre sur la crise quadra de son personnage principal la désaffection générale qui oeuvre à chaque image. Bref, beaucoup de racolage, et pas une once d’attention pour ce qui se passe dans le film lui-même, et dans le film dans le film.