La mère, Max (Sigourney Weaver), appâte la proie : un homme riche, très riche de préférence. Grâce au délicieusement désuet « pas avant le mariage », elle réussit contre toute attente à se faire passer la bague au doigt, sans passer à la casserole… Arrive la nuit de noces, trop de coupes de champagne font sombrer la « jeune » mariée, pourtant prête à s’abandonner, dans les bras de Morphée. Le mari priapique n’en peut évidemment plus et saute sur la première jeunette venue, qui n’est autre que Page (Jennifer Love Hewitt), digne fille de son arnaqueuse de mère. Ne manque plus qu’un flagrant délit, puis un divorce express et le compte en banque de Max et Page accueille un petit chèque de plusieurs zéros. Le modus operandi est immuable, infaillible, mère et fille ont déjà treize victimes à leur actif. Et bientôt une quatorzième, le duo part en effet pour Palm Beach où les attend un roi du tabac.

C’est bien trop long, parfois carrément laborieux, à d’autres moments très lourd, et pourtant on rit beaucoup en regardant Beautés empoisonnées. Car le plaisir évident qu’ont pris les acteurs à tourner cette comédie est tout simplement communicatif. En répugnant magnat du tabac, fumeur à la chaîne, jauni de nicotine, à deux doigts du poumon artificiel, Gene Hackman s’éclate visiblement. Idem pour Sigourney Weaver plus que parfaite en mère indigne, magouilleuse de première classe changeant de tenue à chaque coup de manivelle. Coincée entre ses deux superbes cabotins, Jennifer Love Hewitt apparaît forcément un peu fade mais il faut dire que son rôle, une bimbo dont les rondeurs avantageuses affolent tout mâle qui se respecte, est bien plus ingrat. Et sa romance limite sirupeuse avec une victime un peu trop séduisante n’arrange rien à l’affaire. Beautés empoisonnées n’est évidemment pas la comédie du siècle, peut-être même pas celle de l’année, mais si l’on accepte sa légèreté assumée, cette farce gentiment amorale se laisse regarder avec un plaisir certain.