Lors de la récente conférence de presse parisienne où elle est venue défendre Basic instinct 2, Sharon Stone a causé surtout du CPE et de sa visite au Mur des Lamentations. Du film, elle n’a pas dit grand chose, si ce n’est insister sur le fait que cette suite était surtout à ses yeux une « kinky comedy ». On aurait plutôt dit une parodie au vu de la catastrophe. Basic Instinct 2 est en phase avec son époque, celle de la contrefaçon, où tout doit être refait, les films comme les corps. Quatorze ans après le film de Verhoeven, celui de Michael-Caton Jones n’apporte rien de plus, n’est qu’une quasi régurgitation de Basic instinct, au scénario très similaire -coups de théâtre inclus-, qui se contente de substituer un psychologue légiste au flic véreux face à la mante religieuse blonde, et de déplacer l’intrigue de San Francisco à Londres. Basic instinct 2 n’est qu’un hologramme du premier film : on voit immédiatement à travers, distinguant vite la vacuité absolue des auteurs photocopiant une formule à succès, qui ne peut plus fonctionner dans un monde aux moeurs ayant quand même évolué depuis 1992.

A l’époque du Verhoven, le post-féminisme, la confusion sexuelle étaient des valeurs sûres, plus aujourd’hui quand le politiquement correct bat la brèche pour tenter de ramener la guerre des sexes à un simple conflit domestique où il n’est plus question de savoir qui a le dessus mais qui va capituler le premier. Même sur ce plan Basic instinct 2 bande mou, essayant de rendre ultra sexy un duel psychologique moribond. Il y a quatorze ans, Stone avait allumé tout le monde avec une célèbre phrase selon laquelle un cerveau et un vagin formeraient la combinaison la plus dangereuse pour l’espèce masculine. Dans Basic instinct 2, elle fait tout pour rappeler qu’il est plus ici question de Q.I. que de cul. Pour preuve, cette scène remake de la fameuse absence de culotte du premier film, où cette fois-ci on ne verra rien du tout, l’actrice dissimulant son entrecuisses derrière l’imposant dossier d’une chaise haute. Tout n’est qu’écran de fumée dans cette suite, jusqu’aux scènes les plus hot, aperçues dans des teasers excisées du montage qui sort en salles. Tout ce qui était à couper le souffle hier est devenu asthmatique aujourd’hui. Verhoeven sortait du placard toute une psycho-sexualité hitchcockienne, Caton-Jones la rhabille pour l’emmitoufler dans une symbolique grotesque (ah, ces plans sur l’immeuble du psy insistant sur la forme phallique du bâtiment…) ou un érotisme pantouflard qui ferait regretter les secondes parties de soirée du dimanche sur M6.

Seule chose fascinante : l’évidente obsession de la star pour avoir le pouvoir sur le projet, tenter de tout magnétiser autour d’elle, de ressusciter, à coups de poses lascives et d’une voix toute en gorge l’attention autour d’une actrice à la carrière en chute libre depuis le sommet Casino. Sous la surface du nanar grandguignolesque, un autre film met en scène une star éphémère draguant, avec une certaine putasserie, une caméra qui, pas dupe, enregistre et restitue le terrible portrait d’une control freak refusant son déclin.