Voici trois ans environ sortait un film indépendant américain dans lequel un réalisateur médiocre tentait contre vents et marées de tourner un obscur film, dont le climax était sans nul doute une scène de rêve, dans laquelle un nain, une pomme à la main, était poursuivie par l’actrice principale qui essayait désespérément d’attraper le fruit. Le nain se plaignait : « Vous les réalisateurs indépendants, vous prenez des nains dans vos films parce que vous croyez que ça va faire bizarre, étrange… « . Ce film c’était Ca tourne à Manhattan de Tom Dicillo. Quel est le rapport avec le film de Michael Di Jiacomo ? Animals ressemble au film qu’essaie de terminer le personnage de Buscemi dans Ca tourne à Manhattan. Il n’y a pas de nain dans le film de Di Jiacomo, mais il a été remplacé par trois vieux octogénaires français. Ce sont ces trois personnages atypiques qui vont embarquer un chauffeur de taxi new-yorkais (Tim Roth) dans la quête de l’amour fou. Avant ça, un prologue en noir et blanc de dix minutes nous narre la pathétique existence « d’un vieil homme de 85 ans qui a érigé un péage en plein milieu du désert ». Animals fait partie de ces films fables sensés dégager une poésie mystique et dont le chef de file est sans doute Emir Kusturica. On retrouve ainsi la même musique de cuivres dissonants, la même image nickel, la même esthétique fellinienne (les cochons). Tous ces moyens masquent un manque évident de propos. Animals, c’est de la pure image, tout est fait pour la beauté du plan. Le reste se résume à l’improbable quête du Paradis auquel se livre le désespéré chauffeur de taxi. Faussement original, traînant, Animals ne vaut que pour la beauté tape à l’œil de son esthétique clipesque. Il s’enfoncera délicatement dans les abysses de nos mémoires cinéphiliques.