Cendrillon est cette fois-ci interprétée par des êtres de chair et de sang : des comédiens ont remplacé les icônes animées de Walt Disney. Nous sommes dans le Périgord du seizième siècle : Danielle (Drew Barrymore), petite fille aimant les livres, y vit heureuse jusqu’à la mort de son père. Elle tombe alors sous la coupe de sa belle-mère Rodmilla (Angelica Huston) et de ses filles, devenant leur servante comme leur tête de turc. Par un heureux caprice du destin, elle rencontre le Prince de son royaume (Dougray Scott) sous une fausse identité : celle de sa défunte mère. Ils tombent amoureux l’un de l’autre, mais lui ne sait pas qui elle est… Dont acte… La marâtre veut absolument marier sa fille Marguerite au Prince, le Roi lui a choisi l’Infante d’Espagne, la fausse identité de Danielle est découverte, Léonard de Vinci s’en mêle, etc. Le tout entraîne un grand nombre de péripéties, et finalement -pas d’inquiétude-, Danielle et le Prince se retrouveront, se marieront et auront sans aucun doute plein d’enfants…

Le principal mérite du film de Tennant (ou plutôt de ses scénaristes) est d’avoir un tant soit peu déniaisé le personnage de Cendrillon. Celle-ci n’est plus une héroïne fragile et passive, sauvée du malheur par un beau prince. Elle connaît Thomas Moore par cœur, sait parfaitement se battre à poings nus et pratiquer l’escrime, et ce n’est pas par fatalité, mais de son propre gré qu’elle choisit de rester dans la demeure paternelle après la mort de son père. Elle n’a rien d’une victime : elle subit simplement la violence de l’oppression sociale de son époque, et en est parfaitement consciente. Drew Barrymore, parfaite en Cendrillon réaliste -ni beauté cachée, ni laideron au grand cœur-, tient toute l’histoire de sa belle énergie, à défaut de rencontrer le partenaire idéal : le Prince semblant sortir tout droit d’une mauvaise sitcom. Mais cela ne suffit pas à sauver le film, trop souvent paresseux et sans surprises. C’est dommage… Les trouvailles scénaristiques valant au moins le bon-point sont nombreuses : le remplacement de la marraine-fée originale par Léonard de Vinci -moteur de la fiction comme du changement des temps-, la marâtre victime de son conditionnement aristocratique comme les frères Grimm écoutant l’histoire réelle de Cendrillon de la bouche de la Grande Dame de France (Jeanne Moreau) auraient mérité d’être mieux exploités. Au final, le film d’Andy Tennant satisfera au moins le jeune public qui aura le plaisir de découvrir que dans l’apprentissage du merveilleux, rien n’est simple ; c’est même plutôt laborieux.