Comme quoi tout arrive, 40 ans, toujours puceau est plutôt un bon film. Rien d’étonnant, au fond, on a eu la preuve souvent ces derniers temps de l’éclatante santé du cinéma américain, même et surtout quand il s’aventure dans la farce sub-ceinture. Dans le genre, les Farrelly demeurent les incontestables champions du monde, avec ce supplément d’âmes que l’on sait. Mais à voir nos pantalonnades hexagonales, on ne peut qu’admirer l’éternelle puissance du cinéma américain, capable de fraîcheur et d’invention dans n’importe quel contexte. Ici, malgré un sujet boutonneux à souhait, nulle pustule sur la peau de la comédie, mais un film bien écrit, bien joué, sans crasses de mise en scène.

Au brillant Serial noceurs sorti cet été, 40 ans, toujours puceau fait office de face B idéale. D’ailleurs les deux films partagent une durée hors normes pour des comédies a priori calibrées (2 heures pour l’un, 1h57 pour l’autre), indice qui vaut ce qu’il vaut, mais témoigne au minimum d’une ambition qui ne se limite pas à la récitation d’un schéma narratif usé. Un cran en dessous du film de David Dobkin, celui de Judd Apatow défend son scénario avec une réelle vigueur. Ledit scénario est contenu dans l’énoncé du titre. Andy (excellent Steve Carell, star comique US quasi inconnue en nos terres), 40 ans, n’a jamais connu les joies du coït, s’en cache et s’en désole, tout absorbé par ses plaisirs enfantins (grosse collection névrotique de jouets). Un jour, c’est le drame : sommé de raconter une anecdote de cul, il s’emmêle les pinceaux dans une description aussi hasardeuse qu’imaginaire et s’effondre au moment d’évoquer la sensation tactile d’une paire de seins. Une comparaison foirée (un sein sous la paume, c’est comme palper un sac de sable), et ses collègues ahuris découvrent le lourd secret, puis décident d’aider Andy à se défaire de sa virginité.

A partir de là, le film prend la seule direction à prendre pour rester digne, à savoir épouser le point de vue du héros et non le transformer en puching-ball pour sketchs endoloris. Du coup le film conte les aventures d’un héros positif, jamais réellement moqué, et au final plutôt attachant. Est aussi mis à contribution, encore, l’art tout américain des personnages de seconds plans, ici les collègues de Andy qui, passées la stupéfaction et la franche rigolade, décident de l’aider à franchir le cap. Beauté de tous ces personnages, dont pas un n’est vulgaire ou pathétique. Et le film peut se permettre en retour de ses belles dispositions toutes sortes de saillies comiques, au premier rang desquelles une monumentale séance d’épilation à la cire, scène live qui arrache.