De James Mangold, longtemps avant son biopic platounet sur Johnny Cash, on avait bien aimé Copland, belle déclinaison urbaine d’un argument tout droit sorti du western classique. Mangold s’inspirait alors, très vaguement, du 3h10 pour Yuma de Daves, film absolument sublime de 1957, western aride conclu sous la pluie. Une décennie plus tard, Mangold en propose cette fois le remake littéral, et c’est beaucoup moins réussi. Il y a deux désirs ici qui se font concurrence, pour se résoudre dans un film raté, mais, c’est toujours ça, à peu près distrayant. Le premier désir, celui qui pose problème au fond, est celui d’une résurrection du genre tout entier. Rêvant d’organiser tout seul son retour en grâce, il s’épuise avec un enthousiasme enfantin et maladroit à vouloir en superposer toutes les couches, à en ramasser toutes les effigies, toutes les ramures (de la grande forme classique à sa déclinaison spaghetti, sans le moindre discernement), pour aboutir à une espèce de maniérisme plat, sans enjeux et souvent comique malgré lui.

L’autre désir consiste dans la réécriture du classique de Daves, dont il reprend l’argument principal : un fermier ruiné par la sécheresse, désaimé par sa petite famille (Christian Bale), est chargé d’escorter, jusqu’au train qui le conduira en prison, un outlaw charmeur (Russel Crowe, pas terrible). Mais la réécriture, c’est tout le problème, tient plutôt du passage au Stabilo. Le film de Daves, en plein âge d’or du genre, était une espèce de western en creux, une forme d’évidement mélancolique de ses canons. Pour bien se faire comprendre dans la version 2008, la méthode de Mangold, gros bourrin, consiste justement à boucher les trous. Pas d’indiens dans l’original ? C’est trop bête, Daves était vraiment un étourdi. Rajoutons aussi quelques chinois, pour parler de l’Amérique en train de se faire, et puis une belle poursuite à l’ancienne, puisque Daves, décidemment tête en l’air, avait choisi de faire l’impasse. Le résultat, au fond, a quelque chose d’assez touchant (on n’arrive pas à reprocher tout à fait à Mangold de s’être bien amusé à jouer au réalisateur de western), mais il faut bien le reconnaître : il ne pèse pas bien lourd.