Voilà un film qu’on attendait, peut-être pas en trépignant, mais au moins avec un intérêt certain pour la promesse qu’il semblait formuler. Bonheur minuscule et sans cesse rejoué des pitchs de série B quand ils sont simples et beaux comme celui-ci l’était. Soit l’attaque, par une armée de vampires furibards, d’une petite bourgade d’Alaska au moment où celle-ci entre, comme chaque année, dans un mois entier privé de soleil. L’idée est limpide, et si le résultat est faiblard et un peu déprimant (c’est peu de le dire), on se réjouira au moins de cette éternelle capacité du genre à sortir de telles propositions du fond inchangé des mythes, à y tracer des dispositifs dont les énoncés, seuls, dans leur belle concision, paraîtraient suffire à ce que les choses embrayent. Sauf que non, bien sûr, on sait bien que ce genre de simplicité ne se déploie bien que dans une proportionnelle rigueur. Et de rigueur, le film de David Slade (Hard Candy) n’en déborde pas vraiment. C’est une chose (estimable) de vouloir faire le vide, c’en est une autre d’être désespérément creux.

D’autant qu’en matière de rigueur, le film ne se place pas, au jeu des influences, sous n’importe quels hospices, Slade semblant vouloir reprendre les choses là où les avait laissé le Carpenter de The Thing (l’Alaska, le western neigeux, la terreur insulaire, et un plan de huskies flippés en manière de clin d’oeil) et celui de Vampires / Ghosts of Mars (les goules lancées en armada dans une ghost town, juste un peu dopées aux amphés d’une tendance beat’em-all décidemment contemporaine). On se prend à y croire un peu, le temps de l’exposition, portés par la promesse du pitch tandis que les personnages contemplent un crépuscule dont les derniers feux dessinent pour de bon le cadre opératoire. Las, le film, handicapé sur toute la chaîne de sa mise en oeuvre, n’en tirera rien, empoté comme c’est pas permis quand il s’agit de prendre en charge l’essentiel : le temps (qui coule parce qu’il faut bien, sans qu’on n’arrive jamais vraiment à en saisir le flux) et l’espace (balisage impotent, réduisant à néant les effets de terreur suspendue qui étaient visés). Seul rescapé de ce naufrage: un plan hélico glaçant et assez efficace sur le tapis de neige de la ville moucheté par le carnage. Maigre consolation, au milieu de ces 30 jours d’ennui.