Depuis plusieurs mois déjà, toute l’équipe de Chronic’art s’astique frénétiquement devant Avalon. Jusqu’au bukkake final dans le numéro #4 de Chro version print, si Dieu -ou le rédac’chef- le veut. Pour prolonger l’orgasme NERDien, voilà que débarque, chez Génération Comics, Zero one, sorte d' »équivalent manga », à peu de choses près, du premier film live de Mamoru Oshii. A un détail près : si l’intrigue d’Avalon repose sur l’exploitation de genres vidéoludique plutôt occidentaux-PCistes -un mix de STR et de MMORPG-, Zero one se concentre sur le jeu de baston à la Virtua Fighter. Un genre nettement plus nippon-style, mais beaucoup moins complexe. Une simplicité qui prête moins le flanc aux réflexions lancinantes sur les interconnexions et la confusion entre réalité et virtualité. De fait, le manga d’Hiroya Oku applique à la lettre les bonnes vieilles recettes du shônen -l’inévitable accomplissement initiatique au travers d’interminables affrontements bourre-pif-, cuisinées à la mode « réalité virtuelle ». Forcément, le héros de l’histoire, Neru, est petit, faible et pauvre. Le bad-guy est un véritable embryon de nazillon blond-platine, un champion du MBZ, jeu de baston-RPG auquel Neru se révèle au fil des pages « trop-super-puissant » -alors qu’il n’y a jamais touché, ce qui doit signifier qu’il est l' »élu » ou quelque chose dans ce genre. Les plus rétifs aux clichés gaballiens se consoleront avec un graphisme ligne claire et semi-réaliste d’une rare élégance, rehaussé par des planches couleurs toutes en CG -impression un peu fauchée sur l’édition française malheureusement. Reste un semblant de critique crypto-marxiste futuristique -le virtuel comme unique vecteur d’ascension sociale. Et l’ambiguïté d’une fascination-répulsion exercée par le mini-facho Yagami sur l’infortuné héros Neru qui confine à l’homosexualité latente -une thématique précédemment explorée par Oku à travers son versant lesbien dans Hen. Peu d’extravagances, pas d’audace narrative ou thématique flagrante, mais on ne se refait pas, un manga qui rassemble avec un tel brio un maximum de composantes de la « cyberitude » ne peut pas être foncièrement mauvais.