L’enfance paisible et insouciante de Memo (Erçan Orhan), petit garçon kurde, se voit brusquement interrompue lorsque son père, travailleur immigré aux Pays-Bas, décide d’emmener sa famille vivre avec lui. La luminosité des vastes paysages turcs laisse alors place à un terne appartement dans le port de Rotterdam et Memo se réfugie dans le silence…

Les intentions du réalisateur sont on ne peut plus louables ; rendre compte de la situation d’un peuple martyr, le peuple kurde, tout en décrivant les difficultés d’intégration des immigrés. Memo, l’enfant, étant le réceptacle de l’oppression, de l’impossibilité pour un peuple de s’exprimer, de s’affirmer en tant que tel. Mais les intentions n’ont jamais fait un film encore moins lorsqu’elles sont traduites avec autant de naïveté que dans Le Garçon qui ne voulait plus parler. A coups de symboles maladroits -attitude mutique de Memo, lourde de sens, fuite de Memo dans l’aéroport qui s’achève dans les bras d’un soldat-, le film avance péniblement. Le départ du pays, et par conséquent la perte du paradis, se traduisent par un jeu d’oppositions on ne peut plus flagrant : campagne/ ville, larges espaces extérieurs/ exiguïté des intérieurs, soleil/ pluie, etc. La liste des maladresses qui jonchent le film est longue, interminable. Résultat le message prônant la tolérance, l’intégration se dilue totalement dans la démonstration et ne reste qu’un film didactique qui se voudrait poétique. On ne peut dénier à Ben Sombogaart un certain savoir-faire en matière de direction d’acteurs ; Memo ne tombe jamais dans le travers de l’enfant-cabotin car son interprétation est juste tout au long du film. Cependant cette unique finesse ne fait pas vraiment le poids face aux lourdes intentions du réalisateur.