Quoi de neuf ? Toscanini et Horowitz : on est en famille (le second a épousé la fille du premier), à New York, Carnegie Hall ou pas très loin. La guerre vient tout juste d’éclater outre-Atlantique. Ici, les déchaînements sont d’un autre ordre : un chef d’ores et déjà mythique vient de trouver partenaire à sa démesure. Et vice versa. Diaboliques, extravagants, hors normes, le Parmesan et l’Ukrainien étaient faits l’un pour l’autre : leur légende est en marche, avec elle, celles du NBC, d’un concerto de Tchaikovsky qu’on ne connaît pas sans l’avoir entendu sous leurs doigts et baguette, d’une symphonie de Brahms hallucinante de rigueur, de clarté et de transparence.
Quoi de neuf ? Horowitz et Toscanini, live, grâce à ces bandes fabuleuses que Naxos nous restitue aujourd’hui dans un son formidable, avec en bonus quelques minutes précieuses de répétitions du maître et les commentaires ébaubis (et néanmoins avisés) du speaker de la radio. L’émotion est là, palpable, comme si on y était : voilà quelques disques magiques, auxquels vous reviendrez inlassablement. 6 mai 1940 : une 1e de Brahms acérée à l’extrême ; 19 avril 41 : un concerto pour piano de Tchaikovsky échevelé, dantesque, littéralement dément. Sans parler de ces symphonies de Beethoven (1 et 3), qui en remontreraient aux philologues de tout poil : tout simplement fatales. Peut-être placera-t-on juste en retrait de tout le reste un deuxième concerto de Brahms : légendaire, à juste titre, mais tellement sec, tellement décapé, que tout le monde n’y retrouvera pas forcément le Brahms qu’il aime -dérangeant, en un mot.
Toscanini, Maestro assoluto : son geste implacable, son intelligence supérieure, tous répertoires confondus -en voilà encore, s’il était besoin, quelques bouleversants témoignages qu’il faut écouter toutes affaires cessantes.