Toujours à la recherche d’un sujet d’actualité, John Adams se sert du (très) médiatisé tremblement de terre de Northridge-Los Angeles pour écrire son troisième opéra. Déjà, en 1987, il avait trouvé dans la réconciliation diplomatique entre Washington et Pékin, le sujet de Nixon in China. Triomphe public, critique unanime, et reconnaissance mondiale à la clef. Le compositeur de Matter of heart (docu psychologique underground consacré à la vie et l’œuvre de Carl J. Jung) nous donnait à entendre une musique minimale dans ses moyens, presque austère -un flot constant de tonalités divergentes, soutenant une progression harmonique élémentaire- aux répétions audacieuses. L’écrivain June Jordan lui offrit en 1994 When I was looking the ceiling I saw the sky, livret assez pop. Adams travailla immédiatement avec Peter Sellars, compagnon de toujours, trouble-fête de toutes les scènes lyriques du monde. Beau trio en somme dont on attendait beaucoup à la création à l’université de Berkeley pour les chanceux ; à la maison de la culture de Bobigny pour les autres. Malheureusement, à l’écoute de ces 70 minutes de musique, nous sommes désorientés. Semblant avoir perdu vocabulaire et syntaxe, Adams s’égare en banalités jazzeuses (impros en moins), ballades sentimentales, soul music. Où est la rigueur orchestrale qui différenciait sa musique (ainsi que celle de Philip Glass ou de Steve Reich) des soaps de Broadway ? On aperçoit parfois quelques songs amusantes, idées lumineuses qui glissent, mais les fausses platitudes restent des platitudes et ce n’est pas cet opéra qui fera trembler Los Angeles.