Le musée de Grenoble fut fondé en 1798, quelques années avant la vague de constructions des musées de province. Deux cents ans d’existence, donc. Deux cents ans pour constituer une riche et belle collection, pour se positionner en faveur des nouvelles formes comme le fit Andry-Farcy, conservateur du musée dans la première moitié du XXe siècle, qui mit toute sa passion dans l’acquisition d’œuvres d’art moderne, débutant ainsi à Grenoble une des plus riches collections de cette période. Deux cents ans qui se fêtent, avec ce beau catalogue regroupant l’ensemble des collections du musée, des œuvres de l’Egypte ancienne à celles de Tony Cragg ou Boltanski. Précisons quand même que, dès la page 83, Monet fait son apparition, entraînant avec lui la modernité.

La richesse des collections de Grenoble a déjà donné lieu à six autres publications par la Réunion des musées nationaux, de 1988 à 1998. Ainsi, Image d’une collection prend le parti de faire parcourir par le lecteur tous ces siècles de création essentiellement en images -grâce à 396 illustrations couleur, chacune éclairée par un bref paragraphe dont la majorité est écrite par Serge Lemoine, actuel conservateur du musée. Il en est fier de ce musée d’ailleurs, et il en fait l’éloge dès qu’il le peut au détour d’une phrase. Cela serait la seule réserve à émettre vis-à-vis de ces textes, riches, clairs et concis.

Depuis 1994, un nouveau bâtiment, réalisé par des architectes grenoblois, accueille les visiteurs du musée ; ce catalogue lui ressemble. Par sa mise en pages aérée qui laisse une grande place à de très belles reproductions, par l’originalité toute simple de ses compositions en bandes verticales, sur lesquelles viennent s’orchestrer titres, légendes, photographies et textes, qui donne à l’ensemble un caractère bien personnel, par la volonté de susciter chez le lecteur le plaisir de la contemplation. Les œuvres de Bonnard irradient, Le Bœuf écorché de Soutine n’en finit plus de se répandre, les systèmes de Morellet ne tiennent pas en place et les couleurs de Kandinsky, de Nicolas de Staël, de Vieira Da Silva, Dubuffet ou Télémaque ravissent la rétine. Le résultat est là : on a envie, à la lecture d’Image d’une collection, d’aller ou de retourner au musée de Grenoble ; et comme on sait bien que les reproductions sont toujours moins belles que les originaux, on ne peut s’attendre qu’à de nouvelles délices en perspective.