Ca faisait un petit moment qu’on n’avait pas eu droit à un FPS digne de ce nom sur PC, machine pourtant pas franchement avare en shooteries 3D. Car le dernier Max Payne ne nous a pas rassasié, disons même qu’il faut remonter jusqu’à Call of duty (2003) pour se souvenir de tranches de vie vidéoludiques intenses en la matière. FarCry arrive donc à point nommé pour réveiller nos bas instincts de gamer exterminateur.

Parce que le rejeton de Crytek, soyons clair, est hautement recommandable et intéressant à plus d’un titre. D’abord, il permet à Ubisoft, éditeur national décidément sur tous les bons coups, de coiffer sur le poteaux, à sa manière, la concurrence en matière de FPS next-gen. Half life 2, Doom 3 et autres S.T.A.L.K.E.R. ne se dévoilent qu’à coup de screenshots délivrés au compte-gouttes sur le Net. Ensuite, FayCry nous change des FPS glauques et poisseux en vigueur, des sempiternelles missions WWII où il s’agit toujours, en gros, de sauver le soldat Ryan à Stalingrad. Ici, l’action se déroule en Micronésie, petit atoll du Pacifique, d’où un changement de décor radical dans lequel le joueur n’aura aucun mal à s’immerger pour peu qu’il soit en manque de vacances, de dépaysement. C’est donc précisément ce contexte exotique qui distingue FarCry de ses congénère. Anecdotique a priori, énorme en vérité, car les concepteurs du jeu ont mis le paquet question rendus graphiques : hormis quelques phases intérieures banales, le gros du jeu se parcourt en extérieur sur des îlots paradisiaques, l’occasion de faire trempette dans des lagons bleus turquoise et d’écouter chanter le toucan dans une végétation dense et luxuriante parfaitement modélisée. Le tout avec une fluidité de déplacement irréprochable (à condition de disposer d’un PC dernier cri, indispensable aussi pour apprécier les spectaculaires effets d’explosion ou de vertiges, les éclairages en intérieur et les magnifiques plans d’horizon à déguster du haut des collines) et une certaine liberté de mouvement, bien que l’aventure soit tout à fait linéaire, faut pas rêver. On peut certes essayer de se dorer la pilule sur le sable fin ou visiter les îlots en jeep ou en deltaplane pour apprécier le décor, mais le but du jeu consiste tout de même à régler son compte, en duo (votre perso, mix de Bruce Willis et Jean-Claude Van Damme en chemise hawaïenne de circonstance, et une bimbo qui intervient parfois, brièvement), à un scientifique psychopathe dont les travaux de recherche dans le domaine de la génétique ne connaissent plus aucune limite. Fini l’originalité, voilà qu’on retombe dans un scénar de base mille fois exploité dans le jeu vidéo, commode parce que permettant de diversifier facilement le bestiaire. En plus des mercenaires, on a donc ici affaire à une tripotée de mutants sortis de nulle part, plus ou moins vifs, et avec lesquels il vaut mieux éviter le contact physique, généralement fatal dès la première pichenette.

Reste que FarCry bénéficie de tous les atouts d’un shoot PC haut de gamme avec une IA à la hauteur, un assez bon dosage entre phases d’action et d’infiltration -qu’on ne s’y trompe pas, il s’agit bien d’un shoot bourrin et non pas d’un Splinter cell-like, et, en alternance, des séquences à pieds ou en véhicule (terrestre, maritime et aérien). Pas de quoi épiloguer sur le jeu en tant que tel -à noter un système de sauvegarde par checkpoint, ceux-ci étant assez rapprochés les uns des autres pour ne pas pénaliser l’action-, on reste ici en terrain familier. Mais ne serait-ce que pour l’esthétique et la réalisation en général, le jeu de Crytek vaut largement le détour. Voire même, sans doute, un voyage aux Caraïbes.