Avec son deuxième long-métrage, Emmanuel Mouret s’installe un peu plus et un peu mieux dans le petit paysage de l’éternel jeune cinéma français. Un peu plus : après quelques courts métrages (dont Promène-toi donc tout nu, sorti en salles dans la collection « Décadrages ») et un premier long passé un peu inaperçu, Laissons Lucie faire (sorti en 2000), voilà un film sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes qui devrait au moins, à défaut d’un massif succès auprès du public, rencontrer le sien (de public), et surtout qui entend ne rien lâcher des préoccupations de son auteur. Un peu mieux : les reins plus solides que Laissons Lucie faire, Vénus et Fleur distille un véritable savoir-vivre qu’on pourrait qualifier, pour aller vite, de rohmero-roziérien.

Soit, donc, Vénus : beauté russe échouée sur la Côte d’Azur, vive, extravertie, aventureuse et peu farouche ; et Fleur : chez qui elle trouve refuge à la faveur d’un hasard, jeune Parisienne en vacances dans une maison vide, comme empêtrée dans sa timidité, qu’elle a plutôt maladive. Fleur, entraînée par Vénus, se lance à la recherche de l’homme idéal. Le cinéma d’Emmanuel Mouret a élu un territoire (le littoral méditerranéen), des personnages (jeunes filles, jeunes hommes), des histoires (il m’aime, il m’aime pas), des parrains, visiblement (Rohmer et Rozier, donc), une saison (l’été). Bref, un cadre dont on sent bien qu’il n’a pas vocation à varier d’un pouce. C’est à la fois beaucoup -un vrai désir d’aller au bout de son exploration- et peu -l’installation dans un petit confort que rien, jamais, ne viendrait remuer. A voir Vénus et Fleur, le résultat est mitigé : film parfaitement plaisant et parfaitement rafraîchissant, parfaitement réussi de ce point de vue, mais aussi un film mue par aucun effort de faire bouger ce qui est posé comme acquis. Il est difficile de lui reprocher de n’être que du sous-Rohmer mixé avec du sous-Rozier, tant le film ne semble préoccupé par rien d’autre que suivre son petit sentier. Rien de bien grave, donc, autant se laisser porter par la légèreté de cet éloge du farniente et du grand amour. Plus fleur que Vénus.