Olivier, Rémy, Pascale, trois amis de longue date, forment un clan inséparable. Que leur arrive-t-il pour se retrouver ici, en plein film ? Pour chacun un gros problème : Olivier, victime d’une rupture d’anévrisme, est paralysé et se retrouve seul, largué par sa femme et son amante. Rémy, lui, ne peut pas avoir d’enfant avec sa femme Estelle. Le sort de Pascale, enfin, n’est pas plus heureux : son mari politicien s’éloigne d’elle, ce qui la pousse dans les bras d’un concurrent direct de son époux. Cette intrigue fait peur, et c’est au fond ce qui sauve le film : on s’attend au pire, et c’est le moyen, le médiocre, l’innocent qui arrive. Faire si léger avec un sujet si pesant relève quasiment de l’exploit : on en remercierait presque le sympa Jacques Otmezguine.

Il y a un côté assez plaisant dans ce que le film raconte en se moquant éperdument du grand bruit de fond du monde et de la vie : juste un cocon ouaté, sous vide, la mise en conserve des malheurs d’une petite bourgeoisie lisse et sans reproches, tiraillée entre deux extrêmes qui échouent l’un comme l’autre à faire vrai ou à émouvoir : le drame absolu (l’accident d’Olivier… évidemment temporaire) ou la petite ronde désuète des infidélités sans lendemain. Le couple qui équilibre ces extrêmes (Rémy / Estelle), sorte de base modèle, de duo témoin, est finalement à l’image du film : neutre, sans éclat, et bien sûr absolument stérile. Difficile de faire plus honnête dans un genre qui se repaît d’impostures et de charlataneries auteurisantes. Otmezguine se contente de faire ce qu’il sait faire : du gros téléfilm lisse et bien écrit.

Dans son refus de toute profondeur ou contrechamp social, on pourrait y voir du sous-Sautet, encore qu’il n’est pas sûr que ce cinéma de bas étage n’égale pas celui de l’autre en aimable et douce ivresse de la vacuité. Au temple des médiocres, tout finit par se valoir à peu près. Reste une musique pas trop déplaisante, le train-train de la fiction « ami Ricoré », et surtout une belle assurance dans le fait que rien, ici, ne joue la carte d’un Eden revanchard ou poujadiste (contre les méchants films américains ou un cinéma intello qui se couperait du public par exemple), vieilles breloques du cinéma de la bonne conscience bourgeoise. Rien de tout cela donc, juste un océan de platitude roucoulante.