Sous ce titre sémillant, voire franchement pimpant (sinon carrément cocasse), se cache une préhistorique pantalonnade digne des plus sombres heures de la comédie d’arrière-boutique des années 80. Qu’une farce aussi affligeante que celle-ci puisse parvenir sur un écran aujourd’hui, alors que le secteur de la distribution est pâlichon, peut être lu comme une sorte de message d’espoir autant que comme un symptôme de crise inquiétant. Heureusement, dans Toutes les filles sont folles, on rigole bien avec les aventures de deux soeurs à la recherche du prince charmant. Comme celui-ci tarde à paraître, elles décident de l’enlever (c’est fou), mais, évidemment, se trompent de bonhomme (c’est encore plus fou). D’où road-movie, d’où poursuite avec un policier tiré à quatre épingles flanqué d’une stagiaire (Isabelle Nanty, dans le rôle le plus ridicule de sa vie) ou quelque chose approchant, dont on se demande ce qu’elle vient faire dans cette histoire, sinon des singeries exprimant la nymphomanie de son personnage.

Musique guillerette et omniprésente (Django Reinhardt remixé façon supermarché), courses-poursuites en escarpins, quiproquos, guerre des sexes, pause-passion, pause-émotion, zéro cinéma. Toutes les filles sont folles est d’une telle nullité qu’on ne sait par quel bout le prendre. La perche existe, pourtant, elle est dans l’ascendance de ce nanar d’un autre âge. Toutes les filles sont folles, en effet, a une marraine : Françoise Decaux qui, avec l’historique Du côté des filles, avait une fois pour toutes gravé dans le marbre les règles d’or du film de filles déjanté, pétillant, fou fou, youpi, en clair : libre comme l’oiseau. Pascale Pouzadoux suit à la lettre cette doxa : les filles, ces créatures sauvages et indomptables, font valser un petit théâtre de marionnettes au rythme de leurs pulsions libidino-sentimentales sur lesquelles elles n’ont aucune prise, puisque manipulées par leur inconscient dérangé. Comme si l’alternance coup de folie (la virée entre copines ambiance Biba) / coup de déprime (retour brutal du sentiment, cure de Nutella) était la vérité univoque de tout désir. Soit, sans avoir l’air d’y toucher, le versant jupon d’un certain machisme beauf ancré sous la ceinture. Ras-le-bol de ce pseudo féminisme réactionnaire macéré sous les bigoudis des hebdos féminins bas de gamme. Mais bon, après tout, toutes les filles sont folles.