Panic Room est d’abord une affaire de double come-back ; celui de son interprète principale, Jodie Foster, dont on n’avait plus de nouvelles depuis Anna et le roi (1999) et celui du réalisateur David Fincher attendu au tournant après son brûlot Fight Club. Mais la rencontre entre l’intello d’Hollywood et le jeune cinéaste prodige ne donne lieu à aucune étincelle dans ce produit calibré pour les sommets du box office US.

Conçu à partir d’un fait d’actualité intéressant -l’éclosion croissante de chambres fortes réputées inviolables (les fameuse panic rooms) dans les appartements de riches propriétaires terrorisés par l’idée d’une éventuelle attaque – le film de Fincher choisit la voie du thriller basique en laissant de côté les aspects les plus passionnants de son sujet. Soit la parano américaine qui se retourne contre elle-même, le piège de la sophistication, le choix de l’enfermement volontaire contre l’adversité d’un monde dont on veut se protéger au maximum. Panic Room pêche en grande partie par son manque d’ambition, fait surprenant de la part d’un réalisateur amateur de concepts forts et dérangeants. Du coup, l’histoire du film se résume à une suite de péripéties laborieuses desquelles doit réchapper son héroïne, à un parcours du combattant type au cours duquel Meg Altman (Jodie Foster) apprendra à surpasser ses peurs pour protéger sa fille et livrer un combat sans merci à ses agresseurs. Rien que du déjà-vu , donc, si n’était la réalisation tape-à-l’œil de Fincher.

Par moment, Panic Room n’est en effet pas loin de ressembler à un bel objet d’auto-promotion pour la mise en scène de Fincher. À la limite du ridicule, ses mouvements de caméra alambiqués destinés à présenter la maison de l’héroïne sous toutes ses coutures, des tuyaux jusqu’aux fils électriques, ne sont qu’une vaine et prétentieuse tentative pour apporter un peu de mystère à l’ensemble. Pire, à force de se regarder filmer, Fincher délaisse la mise en place de son thriller émaillé d’incidents prévisibles (le portable salvateur que, malgré tous ses efforts, Meg n’arrivera évidemment pas à saisir), de surenchère gratuite (la maladie de sa fille) et d’une caractérisation convenue des personnages (Forest Whitaker dans son registre habituel de nounours au grand cœur). On se surprend ainsi à s’ennuyer ferme devant les pathétiques efforts de Jodie Foster pour rester en vie, le comble pour un thriller signé Fincher et la preuve que trop de style gâche le style…