Il est assez amusant d’examiner l’évolution des courants de mode promus par le cinéma hollywoodien. Après l’énorme succès commercial d’un film comme Scream, horreur et hémoglobine sont revenus au goût du jour. Si Wes Craven fut pris d’un coup de génie (d’un point de vue marketing surtout…) le jour où il eut l’idée de transplanter son univers ténébreux dans un campus rempli d’adolescents branchés et de jeunes filles sensuelles, depuis, le filon a été amplement exploité… Le public est aujourd’hui las de voir défiler les ersatz du genre. Mais déjà une nouvelle variante de ce type de longs métrages arrive. En éliminant tous les artifices liés au fantastique, au cinéma d’épouvante, ces films se contentent de revenir à des composants basiques en vue d’une réussite commerciale facile. Fausses rumeurs raconte ainsi l’histoire d’une bande d’étudiants beaux gosses batifolant au sein d’un milieu très « hype »…

Ces artifices racoleurs à souhait ne sont rien face au travail de réalisation. Fausses rumeurs constitue de loin une des plus belles supercheries cinématographiques que Hollywood ait produit ces dernières années. Se basant sur le principe du « coup de théâtre final », le metteur en scène manipule (maladroitement) le spectateur. Rien de plus facile que d’entraîner le public dans la confusion pour lui offrir un final imprévu, bouleversant l’ordre établi… Les plus crédules se réjouiront peut-être de la surprise de fin (précisons tout de même que celle-ci tient bien plus de Surprises sur prises que de Usual suspects). Seulement, un peu de recul suffit pour s’apercevoir que tout est fabriqué… Le film s’articule en fait autour d’un coup monté, censé piéger un jeune violeur ayant été innocenté. Une pseudo-investigation et des entretiens d’enquête factices nous sont ouvertement montrés à l’écran… Pour couronner le tout, la jeune victime violée se fait passer pour morte ; et les (faux) officiers de police se retournent contre le présumé innocent. Celui-ci éclate alors en sanglots pour annoncer, à la surprise générale, être un violeur mais pas un meurtrier… Par la suite, on apprendra que toute cette histoire n’était qu’une petite blague entre amis destinée à faire craquer le protagoniste. Jolie supercherie, non ? Insultants pour le public, ces procédés perfides s’expliquent : la production du film a été assurée par l’un des grands maîtres de la manipulation de masse, Joel Schumacher.