Chez soi, devant la télé, on a parfois l’envie de s’en griller une. Non pas par vice ou tabagisme forcené, mais simplement par mimétisme avec les personnages qui s’ennuient à l’écran. Mad Men avait lancé le mouvement. Jouant habilement de la cigarette pour briser le rythme des dialogues, la série d’AMC avait engendré une prolifique descendance avec, dernièrement, The Playboy Club ou Pan Am. Magic City, diffusée sur Starz se situe dans la droite lignée de ce revival télévisuel des fifties. Alcool, cigares, clopes à gogo, la série fait honneur au genre, mais ajoute sa touche en multipliant les femmes-objets. Tantôt nues, en bikini ou dans des robes d’une élégance folle, les pinups de Magic City peuplent le Miramar Playa Hotel, un palace miamien des années 50 dirigé par Ike Evans (joué par Jeffrey Dean Morgan). A quelques encablures de la Floride, la révolution castriste de 1958 ruine les ambitions de la mafia, Miami et le Miramar Playa Hotel deviennent les nouveaux terrains de jeu du Milieu.

 

Comme dans les romans d’Ellroy, le fond de l’océan et les marais ne tardent pas à devenir le cimetière des gêneurs et mauvaises volontés. Le scénario de Magic City ouvre la porte à un croisement entre Mad Men et l’univers du polar, mais malgré un quota contractuel d’homicides, l’intérêt pour la série peine à décoller vraiment. La faute à une réalisation un peu trop versée dans le décorum et le culte de la Cadillac chromé, plutôt que dans la construction de personnages et d’intrigues réellement captivants. La série trouvera peut-être un second souffle en deuxième saison ; en attendant, il faut bien l’admettre, c’est le genre de machin que vous pourriez prêter sans jamais vouloir le récupérer.