Ce garçon à la mine de poupon, mi Jim Morrison (sans les toxines) mi Daniel Balavoine (le génie en plus) est déjà, à trente deux ans seulement, l’auteur de deux disques contenant une collection de chansons inoubliables : Ron Sexsmith et Other Songs (Interscope/Warner). Débarrassé de toute référence et de toute production enflée, son style dépouillé à l’extrême, d’une désarmante simplicité, a récolté un accueil unanime et enthousiaste lors de ce concert.

Les amateurs, plus nombreux que ne le laissaient penser les ventes de ses albums (les escaliers étant bondés, toute sortie inopinée fut immédiatement sanctionnée par un retour improbable aux abords de la scène), s’étaient réunis pour écouter ce chanteur pudique à la voix d’une douce mélancolie. Nul débordement, aucune exubérance n’étaient donc à attendre sur les classiques Lebanon, Tennessee, Pretty Little Cemetery ou Child Star, mais plutôt une écoute prégnante de ces titres tout juste agrémentés par un accordéon ou un harmonium. Recelant de moments d’émotions nues comme seuls les très grands savent en procurer, ce set venait confirmer tout le bien que l’on pense de Ron Sexsmith, auteur-compositeur majeur de la décennie.