Organisées par le Métafort d’Aubervilliers, les « Séances d’écoute » sont mensuelles et constituent un des rendez-vous majeurs pour les adeptes de musiques expérimentales. Après le live de Kasper T. Tœplitz en duo avec François Bon, au début du mois d’août dernier, nous avons pu assister le 21 septembre à un autre duo intéressant : MAZK. Cette rencontre entre Zbigniew Karkowski (Sensorband) et Masami Akita (l’incontournable Merzbow), dont l’album est actuellement disponible sur le label anglais OR (Touch), a donné lieu ce soir-là à une bonne heure d’animosité sonore, de colère électronique…
Le projet initial des deux hommes étant d’explorer le concept de la musique élaborée sur Mac, l’installation scénique de ce concert fut des plus sobres : deux ordinateurs portables ainsi qu’une petite table de mixage, rien de plus… Tels deux employés de bureau, Karkowski et Akita sont donc arrivés sur scène pour calmement s’installer face aux machines. C’est alors que l’étrange expérience auditive a commencé pour chaque membre du public… La musique non rythmée et quasiment non tonale de MAZK peut être décrite comme un brassage bestial d’informations sonores non identifiables ; une sorte de patchwork de sonorités diverses destinées à être maltraitées par les deux hommes… A l’instar d’un cut-up de Burroughs, où les données s’interfèrent -s’encastrent brutalement les unes dans les autres-, cette musique paraît tout d’abord impénétrable, mais elle finit ensuite par intriguer le spectateur grâce à la cohérence d’un nouveau langage s’installant progressivement.

Tout en le bombardant de sons inhumains (saturation extrême, bruits de machines, voix retravaillées…), MAZK offre au spectateur un jeu scénique on ne peu plus dépouillé… Durant les passages les plus éprouvants, Karkowski, satisfait, ne peut s’empêcher de lâcher quelques petits sourires vicieux. Akita, quant à lui, assure la chorégraphie d’un bout à l’autre du concert, en battant sans cesse du pied comme pour marquer une mesure qui n’existe pas… Au bout d’une heure de jeu, les deux hommes se lèvent et quittent la scène, en laissant tourner leurs machines pour nous offrir cinq petites minutes de boucan gratuit. Puis revient Akita, serein, pour éteindre les machines afin de nous indiquer que le concert est vraiment terminé.

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