Après un concert à Evreux apparemment réussi, Alec Empire et sa bande d’agitateurs (Carl Crack, Nic Endo et Hanin Elias) débarquent à Paris. Trois au micro et une aux machines, un maximum de stroboscopes et de bruit. Comme ils le disent eux-mêmes, le principe du concert c’est : « Stroboscope overload. No breaks, impossible for the audience to applause or shout « fuck » or whatever ». Effectivement.
Un concert très punk, donc, difficilement dansable (ah ah), plus proche de Merzbow que de Goldie (rythmiques drum & bass quasiment inaudibles). Les slogans anarchistes, par contre, on les entendait bien. Ça gueulait dur. Qui dit concert punk dit concert court (une heure), à la fin duquel Empire, en tee-shirt blanc immaculé, s’assit sur le bord de la scène pour parler énergiquement au public. Le problème, justement, c’est ce public : majoritairement composé de gothiques et de jeunes gens issus de la scène post-indus (il y avait même un type en combinaison et masque à gaz !). Ils n’ont absolument pas réagi ou presque au discours et à l’attitude brutale du groupe, qui s’évertuait à essayer de secouer et réveiller un public qui croyait peut-être écouter du Prodigy ? Bien sûr, il y a eu pogo (un peu mou), et quelques têtes de techno habitués des free-party étaient là mais à part ça : une incompréhension totale du public face à ce déluge de bruit « vraiment pas cool ». Tentant vainement d’expliquer qu’ils font leur tournée à perte (sans compter le problème de la langue), qu’il faut se réveiller, se révolter, etc. Invitant les gens à monter sur scène, Empire abandonne finalement en allant lancer, de dépit, une grosse boucle de feedback (rapidement coupée par les techniciens). Puis sortie de scène.
Impression de frustration. Un concert un peu décevant, un public agaçant, heureusement que sur leur stand, on a pu trouver leur fanzine format A3 imprimé sur papier journal, énorme et gratuit ! Atari Teenage Riot fatigué ? Voici l’opinion d’Empire à la fin de sa tournée française : « Tous les shows en France nous ont presque détruits. Pas de nourriture ou très mauvaise, pas de sommeil, Hanin a perdu sa voix… » L’émeute, ce sera pour une autre fois…