Les habitués des clubs lutétiens ont peut-être déjà goûté le swing contagieux des formations réunies par Xavier Richardeau qui, après un Live in Paris autour des partitions du pianiste Freddie Redd, lance ici son baryton ample et voluptueux à l’assaut d’un nouveau répertoire : de remarquables compositions originales dont le juste équilibre entre immédiateté du plaisir et méandres des subtilités musiciennes fait merveille. Freddie Redd n’est pas oublié, qu’on salue d’un The Thespian étonnant ; Jaki Byard se voit rendu un triple hommage au travers des arrangements habiles du pianiste Pierre Christophe (Tribue to Jimmy Slide, originellement écrit pour le danseur de claquettes du même nom ; Two five one ; Out front), qui en fut l’étudiant à New York et en reste le disciple à Paris ; le guitariste Yves Brouqui propose un Brook’s idea d’une belle sensualité.

Fabien Mary (trompette), Mourad Benhammou (batterie) et Nicolas Rageau (contrebasse) complètent cette équipe de boppers auquel on ne pourra assurément reprocher de ne pas connaître son affaire ; les aînés Luigi Trussardi (contrebasse) et Alain Jean-Marie (piano, dans son élément sur le chaloupé A Caribbean thing du leader) viennent enfin partager leur plaisir et revivifier la chair d’un jazz mainstream qu’on n’avait plus entendu avec pareille urgence et générosité depuis longtemps. Ca galope avec une folle élégance, ça surprend plus souvent qu’à son tour, ça swingue comme rarement ; le son chaleureux et velouté du saxophone de Xavier Richardeau, à la hauteur des rares instrumentistes qui se sont fait une spécialité du baryton (Mulligan, Adams) et dont il a travaillé l’héritage sur les scènes new-yorkaises, devrait entraîner les heureux acquéreurs de ce Hit and run jubilatoire dans tous les caveaux qu’il inondera de swing.