Urban renewal program est une compilation conceptuelle sur la notion d’urbanisme, proposée par le label Chocolate Industries (déjà repéré pour les sorties des albums de Push Button Objects, Ko-Wreck Technique, ou la compilation Rapid transit). Label crossover, Chocolate Industries a conçu cette nouvelle compile sur la base d’une réunion d’artistes hip-hop (Mos Def, Diverse, Caural, Dj Food, El-P, Aesop Rock, Mr Lif), electro (Prefuse 73) ou rock (Tortoise, Miho Hatori de Cibo Matto et Gorillaz), avec une orientation cependant plus hip-hop cette fois (la présence de la bande new-yorkaise de Def Jux, Easop Rock et El-P en tête, s’inscrivant dans le propos mis en exergue : le hip-hop est quand même la musique urbaine par excellence). L’idée est de passer une journée dans une grande ville, mise en musique depuis le réveil matinal jusqu’au bout de la nuit, à travers les interprétations et explorations de la vie urbaine par ce collectif improvisé d’artistes. Chaque voix s’harmonisant avec le chaos informationnel (signes et sons) du réseau urbain, pour en retranscrire subjectivement et artistiquement l’essence. La grande ville occidentale mise en musique.

Et comme dans une grande ville occidentale, il y a à boire et à manger sur ce disque, du bon comme du très mauvais. Le très bon sera El-P, son flow haché sur des beats arythmiques, dessinant le contre-pied permanent d’une déambulation urbaine, avec ses interruptions, ses accélérations et ses raccourcis. On appréciera aussi Aesop Rock narrant une sombre histoire de prostituée, Moho Hatori racontant délicatement son parcours dans la ville pour en trouver la pulsation intime, le rythme (plutôt electronica), ou Mos Def puisant son inspiration dans ses relations de voisinage, autant histoires qui dessinent les différents trajets d’existences singulières et créatives dans le flux tendu de la grande ville.

On aimera moins le lourdaud Wanted de Mr Lif, les guitares hard-rock derrière la production de RJD2 sur True confessions, ou l’electronica paresseuse de Tortoise. Le morceau final, thisboutthecitytoo, de Themeselves (Dose One et Jel) sauvera la partie sur dix minutes de hip-hop (à guitares) abstrait et défragmenté, laissant surgir les silences ou des ambiances réellement urbaines, sonorités concrètes de voitures glissant sur le bitume, utilisées comme matières sonores et musicales, pour un morceau d’anthologie, psychédélique et oppressant. Bright light, big city.