Big Dada est la division hip hop de Ninja Tune qui a déjà à son actif les sorties de Alpha Phryme et Asylum (produits par Luke Vibert), New Flesh For Old ou encore Abstract Rude And Tribe Unique que l’on retrouve tous sur cette compilation bien représentative du son recherché : un rap très travaillé et fin mais qui n’oublie pas d’avoir de l’énergie. La production est généralement impeccable (samples et scratches originaux de plus superbement agencés, beaucoup de cordes), les parties vocales vont du ragga bizarre au chant en passant par les raps le plus secs (pas une voix féminine sur tout le disque, d’ailleurs). Dans l’ensemble, tous les titres sont accrocheurs et on sent bien une volonté de faire un hip hop différent, plus évolué : pas de grosse rigolade, les thèmes sont souvent narratifs, comme si cette musique commençait à raconter son histoire. Le morceau de Saul Williams commence ainsi par « In 1972 my mother was rushing from a James Brown concert in order to give birth to me … », et il est quasiment le plus étrange du disque. Tout concourt à redonner une nouvelle image au hip hop : la pochette (signée Kevin Martin), froide et post-moderne (on croirait un disque d’un label berlinois), les remerciements, sobres et limités (Miles Davis, Afrika Bambataa, Lee Perry), les titres (Asylum, Twice the first time) et bien sûr la musique. Difficile d’accès au début, on se laisse vite prendre au piège. Le rap aurait-il trouvé ses Tricky, ses Aphex Txin ? Une compilation très intéressante, on attend la suite.