Un projet unique qui part d’un constat simple. La scène électronique carbure à un rythme inhabituel en ce moment et se ressource de façon éclectique dans toute la galaxie. On a beaucoup parlé par exemple du label new-yorkais Spiritual Life, du miracle asiatique sur Londres. Ils ne représentent bien sûr qu’une face cachée de l’iceberg. Dans l’ensemble, on a surtout retenu des expériences osées en matière de mariage sonore. On injecte de nouvelles choses dans l’esprit des machines. On leur apporte des pratiques instrumentales qui n’existaient pas jusqu’alors. On ne souhaite plus renforcer les barrières qui les opposent à une certaine humanité. En France, la tendance a choisi il y a bientôt un an de se tourner vers l’Afrique pour des raisons que l’on peut facilement imaginer. Le sampler de Fred Galliano, pour citer un exemple, est parti rencontrer Nahawa Doumbia et Neba Solo. Sur le continent noir, des artistes s’y essayent avec bonheur. Babacar Faye, Issa Bagayogo… les noms défilent autour de cette nouvelle dynamique. On n’oublie pas que Wally Badarou avait été le premier à le faire avec son fameux Dansometter il y a de cela plusieurs lunes.

Là-dessus s’amène un ardent défenseur du son authentique, qui a toujours su montrer son ouverture en matière de création musicale. Tony Allen, fort de l’expérience accumulée aux côtés de Fela Anikulapo Kuti, dont il était le batteur, ressort une vieille audace : l’afro-beat, qu’il avait contribué à créer auprès du Black Président, n’est pas mort. Pourquoi ne pas continuer son histoire, en le renouvelant au contact des machines. Un challlenge de circonstance. Doctor L. (Liam) est appelé à la rescousse. Les séances de réflexion commencent sur le maxi Ariya et débouchent sur cet album qu’il a entièrement produit, avec les contributions de quelques illuminés du son (Clip Payne et Mudbone Cooper des P-Funk All Stars, le guitariste Seb Martel déjà entrevu en compagnie de Sinclair, le bassiste César Anot connu pour ses collaborations avec Alpha Blondy et Cheik Tidiane Seck).

Un album entre acoustique et électronique au groove défiant tous les rituels en vigueur jusqu’alors sur les pistes de danse. A la Winter Conference de Miami, on avait l’air de vraiment apprécier. L’afro-beat version 2000 s’annonce donc prometteur pour les maîtres clubbers. Le mariage sonore a l’air d’avoir réussi. On peut ne plus parler de perfusion électronique : c’est ce qu’on craignait le plus. A acheter.